La motivation des cadres dans leur vie professionnelle : L'auto-régulation de Deci et Ryan
Akim ZERAIBI
|
|
La motivation des cadres en formation
continue à Mundiapolis |
|
Si vous croyez que l'éducation coûte cher, |
|
Sommaire
Introduction
1. Le contexte de la formation
1.1 La culture marocaine
1.2 La formation au Maroc
1.2.1 L’enseignement
supérieur
1.2.2 Les lacunes de
l’enseignement supérieur
1.3 La formation continue
1.3.1 La formation continue
privé au Maroc
1.3.2 La spécificité de la
formation continue
1.4 L’université privée Mundiapolis
1.5 Les caractéristiques de
l’étudiant de Mundiapolis
2. Les éléments théoriques
mobilisés pour l’étude de cette
population : la motivation
2.1 La motivation en tant qu’engagement
2.2 Le concept de soi
2.3 La motivation
2.3.1 Les problèmes de motivation liée à la notion de buts :
les buts d’accomplissement
2.3.2 La théorie de l’autodétermination
3. L’étude empirique
3.1 Protocole méthodologique
3.2 Traitement et analyse des données
3.3 Résultats
3.3.1 Les données
sociodémographiques
3.3.2 Positionnement de la
motivation globale
3.3.3 Positionnement de la
motivation selon le thème
3.3.4 Les hypothèses selon
les variables socioéconomiques
3.4 Discussion
Bibliographie
Annexes
Introduction
Pourquoi des cadres ont-ils envie de reprendre les études, quelle en est
leur motivation ? Comment l’étudiant va-t-il financer sa formation ? Son
mode de financement va-t-il influer sur sa motivation ? Où encore, quelle
va être son intensité de travail face à des matières qu’il n’apprécie
pas ; va-t-il fournir un effort supplémentaire, demander une aide
extérieure ou ne rien faire de plus ? Sa stratégie sur ces matières
spécifiques aura-t-elle un impact sur sa motivation ?
Ainsi la recherche du pourquoi s’intéresse à la fois à différents
comportements « positifs », tels que l’ampleur de l’engagement dans
une tâche, le choix pour telle ou telle formation, la volonté dont font preuve
certains face à des difficultés environnementales (travail, famille,
organisation...) et aussi, à des comportements plus « négatifs » tels
que l’abandon de la formation, le désengagement en cours de formation par des
retards répétés, des absences... Cette question sur, pourquoi des cadres
ont-ils envie de s’inscrire en formation continue, n’est pas nouvelle, elle a
déjà été étudiée. Certaines sont reprises par Merriam et Caffarella (1991) qui
présentent différentes recherches qui ont contribué à expliquer les raisons
qu’ont les adultes à suivre une formation. Les adultes auraient une démarche de
formation pour une série de motifs qui peuvent se regrouper en 6
facteurs :
·
Relations sociales,
·
Pressions extérieures,
·
Service communautaire,
·
Progression professionnelle,
·
Échappement / distraction,
·
Intérêt cognitif, cité par Carré (2001).
Ces 6 facteurs apparaissent comme être spécifiques à l’étudiant. On s’est
posé la question alors, de savoir si le coût payé par les étudiants qui est
donc externe à l’individu, pouvait influer sur sa motivation.
Le coût d’une formation ne peut pas être sans lien avec une certaine
motivation dans le sens où cela représente un fort investissement dont les
étudiants attendent sans doute un retour. Le coût aura-t-il une influence sur la motivation, dans
l’hypothèse que lorsqu’on paye plus cher sa formation, on va être plus motivé à
la suivre, à persévérer et donc à réussir ses études universitaires ? D’où
l’intérêt de mesurer l’impact du coût de la formation sur la motivation. De
plus, le coût n’est pas considéré de la même manière selon les apprenants. C’est
pourquoi, il est intéressant de se positionner sur une analyse du comportement
de l’individu selon son origine sociale: « le modèle développé par Boudon
(1978) repose sur une analyse de type stratégique du comportement des
acteurs : en fonction de leur origine sociale, les individus ont en
moyenne une réussite scolaire plus ou moins bonne. En même temps, leurs
motivations sont affectées par l’origine sociale, les coûts socio-économiques
d’une scolarité supplémentaire tendent à croître à mesure que la classe sociale
est plus basse ; en outre, les avantages anticipés d’un supplément de
scolarité tendent à être perçus comme d’autant plus faibles que la classe
sociales est plus basse (en effet, un individu de classe basse atteint plus
vite le niveau scolaire lui permettant d’espérer un statut social supérieur à
celui de sa famille d’origine) ; enfin le risque encouru à s’engager dans
un investissement scolaire varie avec la classe sociale. Les effets culturels
de l’origine sociale mais surtout les différences dans la logique des
motivations induites par l’origine sociale ont pour conséquence d’engendrer un
inégal investissement scolaire en fonction de l’origine sociale. » (cités
par Boudon et Bourricaud, 1982, p. 386). Donc selon la Catégorie Socioprofessionnelle
(CSP), le coût aura une influence ou pas sur l’étudiant et de ce fait, il
serait intéressant de voire l’incidence de ce coût sur les différentes
motivations que les étudiants peuvent avoir en voulant s’inscrire en formation.
La CSP peut avoir une influence dans la scolarité de l’apprenant. Mais elle
n’est pas la seule à avoir un impact sur la motivation, le niveau scolaire des
parents peut influer sur la motivation,
comme l’ont déterminé certains chercheurs. Il apparaîtrait que le niveau scolaire
du père a un fort impact lorsque l’apprenant poursuit des études
universitaires, selon Caponi et Plesca (2007). D’autres comme Frenette et Zeman
(2007) ont constaté que le niveau de scolarité de la mère jouait beaucoup plus
au niveau des étudiantes que des étudiants. (cités dans Accessibilité,
persévérance scolaire et obstacles à l’enseignement postsecondaire, 2008)
Enfin, nous avons pensé qu’on devait positionner aussi les apprenants face
à des matières qu’ils n’apprécient pas, afin de mieux comprendre l’intérêt que
ces étudiants portent à leur formation. Car suite au cadrage de notre étude
afin d’en situer le contexte, il est apparu que les étudiants ne comprenaient
pas qu’ils payent un coût aussi important aux études sans avoir la possibilité
de choisir leurs unités d’enseignement à travers une palette que
l’établissement de formation devrait leurs proposer. Ce qui en d’autres termes
posent la question à savoir si on devait développer l’autodétermination de
l’apprenant jusqu’au choix de ses matières où on doit lui imposer une partie
des matières pour le guider dans son choix et garder les bases d’un diplôme qui
doit être reconnu professionnellement. Cela nous a poussés à développer notre
enquête, ainsi sur ce thème, afin de pouvoir mieux cerner le projet éducatif
d’un établissement d’enseignement supérieur. Et pour cela, on a trouvé
intéressant de comprendre le comportement de ces étudiants en formation
continue face à des matières non appréciées. Car en mesurant l’impact de ces
matières non appréciées sur la motivation des cadres, cela pourra nous
indiquer, jusqu’à quel niveau on peut introduire dans le projet éducatif ces
matières non appréciées, par exemple les sciences pour des cadres de formation
littéraire... De plus, nous avons trouvé important de voir l’intensité de
travail de l’étudiant à travers sa recherche d’une aide extérieure ou d’un
effort supplémentaire pour pallier à sa difficulté face à ces matières non
appréciées.
Deux thèmes principaux ont donc été choisis dans ce contexte de la formation
continue : à savoir, si le coût de la formation influence-t-ils la
motivation et quelle intensité de travail est développée par les étudiants au
niveau des matières qu’ils n’apprécient pas ?
Et comme en plus, chaque étudiant va en formation pour une ou des
motivation(s) spécifique(s), telles que pour réussir un diplôme, acquérir des
connaissances... On s’est posé la question de savoir comment étudier cette
motivation ou plus précisément ces motivations. Donc partant du constat qu’on a
différent types de motivations, on s’est demandé alors quelle théorie de la
motivation était la plus à même de répondre à ce concept de la motivation non
unidimensionnel. La théorie de Bandura sur le sentiment de l’auto-efficacité
(Bandura, 2003), par exemple, est unidimensionnelle car elle varie essentiellement
de manière quantitative. D’où le besoin d’une théorie qui tient compte de cet
aspect multidimensionnel de la motivation ? Il en est ressortit qu’on
pouvait s’appuyer sur deux théories motivationnelles dont l’une est la théorie
des buts d’accomplissement et l’autre, la théorie de l’autodétermination (Deci
& Ryan, 1985). Par conséquent, nous allons essayer de comprendre l’impact
du coût de la formation et des matières non appréciées sur les différentes
motivations possibles des étudiants lors de leur inscription en formation.
L’un des problèmes que l’on a rencontrés pour la mesure de l’impact du coût
sur la motivation, est que celui-ci n’a pas vraiment été traité au niveau de la
motivation. Nous n’avons pas trouvé de recherches au niveau des pays francophones,
qui ont étudiées le rôle du coût et/ou des matières non appréciées sur la
motivation. Ceci peut peut-être s’expliquer par la prise en charge en règle
générale de la formation par les entreprises ou des aides par les collectivités
territoriales dans ces pays. Il existe bien des études sur le coût de la
formation, mais elles se positionnent du côté de l’entreprise ou de la
collectivité territoriale et jamais se projettent sur le coût payé par
l’étudiant. Bien que certaines écoles, telle que les écoles de commerce font
payer aussi un coût à la formation très important (5 à 7 000 euros par an),
nous ne comprenons pas le manque d’études sur cet aspect de la formation.
De ce fait, pour répondre à la question : quels impacts ont le coût et
les matières non appréciées par l’étudiant sur la motivation, nous avons essayé
de construire un instrument pour mesurer les différentes sortes de motivations
et savoir de ce fait, comment celles-ci sont influencées par le coût et les
matières non appréciées. Cet instrument s’appuie sur la théorie de
l’autodétermination et le questionnaire de Vallerand et al., qui est un outil
reconnu et validé empiriquement par d’autres chercheurs. Pour cela nous avons
adapté le questionnaire de Vallerand et al. sur l’éducation. Nous le reprendrons
en utilisant la même architecture et la même philosophie des questions. Mais en
l’adaptant pour y ajouter, en fin du questionnaire de Vallerand et al. les
différents thèmes proposés, comme le coût ou les matières non appréciées en
lien avec les 7 types de motivation.
Dans ce questionnaire, nous utiliserons 3 thèmes d’études car on a scindé
en deux l’impact du coût à la formation : en formation en cours et formation
à venir. Nous avons voulu scindé, notre positionnement sur le coût, car les
étudiants étant déjà en formation, lors du passage du questionnaire, cela
pouvait réduire l’impact du coût. Car cet investissement serait peut-être déjà intégré
et donc ne plus avoir d’influence sur la motivation du cadre.
La fidélité statistique du questionnaire sera vérifiée et comparée à celle
de Vallerand et al., afin d’être le plus proche du questionnaire originel.
En conséquence, la présente recherche est intitulée « la motivation
des cadres en formation continue ». La question spécifique de recherche
s’énonce de la manière suivante : Quels sont les facteurs psychologiques
et sociaux qui ont un impact sur la motivation des cadres en formation continue
? Les facteurs psychologiques seront : le coût et les matières non
appréciées ; et les facteurs sociaux seront : la catégorie socioprofessionnelle
des parents et le niveau d’études des parents.
Ceci afin de comprendre quelle motivation est la plus influencée par le
coût, puis on essayera de vérifier après, si le fait de faire partie d’une
classe sociale haute relativisera l’importance de ce coût par rapport à des
classes sociales plus basses.
Et on fera de même, avec les matières non appréciées, où l’on recherchera à
connaître quelle dimension de la motivation ressort principalement lorsque
l’étudiant travaille ces matières et voire ici, si cette fois, le fait que les
parents aient un bon niveau d’études n’influencent pas positivement sur la
motivation par rapport aux autres parents qui ont un niveau moins bons.
Pour traiter notre question de recherche, nous situerons dans une première
partie le contexte de la formation ; puis dans une deuxième partie nous
mobiliserons les éléments théoriques pour l’étude de notre population ; et
enfin, nous ferons l’étude empirique afin d’apporter une ou des réponse(s) à
notre questionnement, à savoir : quelle
motivation, au sens générale, a l’étudiant en entrant en
formation ; et plus spécifiquement, à travers nos deux objectifs
exploratoires, quels impacts ont le coût et les matières non appréciées sur la
motivation.
1. Le contexte de
la formation
Afin de bien
comprendre le contexte de la formation, il nous a semblé intéressant d’essayer
de mieux cerner les aspects importants de la culture marocaine, de situer la
formation au Maroc ; et plus précisément la formation continue, pour mieux
saisir l’environnement de l’étude qui est basé sur les étudiants de l’université
privée Mundiapolis au niveau de la formation continue. Et c’est pour cela que
nous essayerons aussi d’analyser les caractéristiques de l’étudiant de
Mundiapolis.
1.1 La culture
marocaine
Le Maroc est un
pays musulman d’obédience sunnite, sous le régime de la royauté dont le roi est
un représentant de la famille du prophète. Il est à préciser que cela ne lui
octroie aucun droit divin, mais seulement une certaine filiation avec la
famille du prophète qui laisse sous-entendre que le roi a hérité de qualités de
gouvernance d’un peuple.
C’est une
société patriarcale, où le père a un rôle d’animateur de la vie familiale. Le
Maroc est en train de remettre en cause certains principes musulmans afin de se
rapprocher des concepts de la République, se qui crée certaines tensions avec
des franges de la société.
Le Maroc a une
population en 2009 de 32 millions d’habitants et une espérance de vie de 71.3
ans. Il a eu un Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2009 de 90.9 milliards de
dollars, à titre de comparaison celui de la France pour 2009 était de 2 649.4
milliards de dollars, c’est-à-dire qu’il représente seulement 4 % du PIB français,
c’est pour cela qu’on considère le Maroc comme un pays en voie de
développement. La dette extérieure du Maroc est de 24.4 % du Revenu National
Brut (le RNB est assez proche de la valeur du PIB).[1]
D’où notre questionnement sur l’importance du coût de la formation au Maroc,
pour rappel en France les étudiants d’écoles de commerce payent le même coût de
formation qu’au Maroc, c’est à dire entre 5 000 et 7 000 euros, et
que les droits d’inscription à l’université française sont pour l’année
2010/2011 de 250 euros, par exemple.
De plus, la
récente industrialisation du pays a bouleversé les repères ancestraux des
marocains, dû par l’exode rural et par l’urbanisation extrême. Le Maroc
n’échappe pas aux bouleversements socioéconomiques, « il voit l’émergence d’une
généralisation sans précédent, au sein de laquelle l’individu se détache
progressivement du groupe, d’une urbanisation galopante, d’une communication
grandissante et de l’instruction qui se généralise » [Bennani-Chraïbi,
1994][2].
La culture serait selon Kadima (citée par
Blanchard, 2007), un processus de production de significations des acteurs
notamment à travers des pratiques concrètes (ou des actions ou activités) dans
des contextes particuliers dans le temps et l'espace.
Nous tenons à
préciser, que notre enquête n’a pas tenu compte dans sa mise en place, de la
culture actuelle du Maroc, pour cela nous aurions dû faire une enquête
spécifique à la culture afin de mieux l’appréhender pour notre questionnaire
sur la motivation. La culture peut influer sur la compréhension de la
motivation, comme le confirme Blanchard (2007) : « Enfin, comme on l’a dit plus tôt, les
processus motivationnels varient également en fonction de la culture. Ainsi,
même si les besoins fondamentaux (en autonomie, en compétence et en
relationnel) sont des facteurs d’amélioration de la motivation pour toute
personne [Chirkov, Ryan, 2001], les méthodologies pour les satisfaire
diffèreront parfois d’une culture à une autre [Chirkov et al., 2003; Sheldon et
al., 2004]). »
1.2 La
formation au Maroc
La formation
populaire au Maroc a été créée avec l’arrivée de l’Islam au VIIIème siècle. Du
fait, de la première parole que Dieu a dit à son prophète Mohamed, qui a été :
« Lis, par le nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’un
caillot de sang.» (Sourate 96, verset 2) et le prophète lui répondit, qu’il ne
savait pas lire. L’Islam a voué une importance particulière dans l’éducation
des peuples. Les premières universités construites dans le monde se sont
trouvées dans le Moyen-Orient.
1.2.1 L’enseignement supérieur
L’enseignement
supérieur au Maroc a démarré avant le 20ème siècle avec l’existence
d’université de type religieux Al Quaraouyine à Fès dès 859 et quelques années
plus tard l’université Ben Youssef était créée à Marrakech fondée par le sultan
mérinide Abou el Hassan. Pendant le protectorat français[3]
au XIX et à la moitié du XXème siècle, la France a joué un rôle effacé pour
l’enseignement marocain, selon les chiffres de l’époque. L’instruction primaire
et secondaire obligatoire fut instaurée très tardivement, avec environ un
siècle de retard sur l’Europe. L’enseignement universitaire n’était accessible
qu’à l’élite, par exemple en 1943 il y avait seulement 23 marocains qui
détenaient une Licence, par conséquent 31 ans après le début du protectorat
français. La création d’université s’est bâti dans une volonté
d’autodétermination après la fin du protectorat. L’enseignement supérieur sous
ses formes actuelles a été établi juste après l’indépendance. La 1ère
université publique au Maroc « Mohamed V » a été créée en 1957 à
Rabat. Entre la période 1957-1960 et face au grand besoin en cadres,
enseignants, médecins et ingénieurs, la politique nationale poursuivie dans ce
secteur était fondée sur la généralisation, la marocanisation, l’arabisation,
la décentralisation et l’unification de l’enseignement. Le Maroc a investi
fortement dans l’université car elle est souvent considérée comme la vitrine
d’un pays. Et ceci au détriment de l’école obligatoire car on va retrouver un
rapport d’investissement en 1995, de 15 à 1 entre les étudiants et les élèves
de l’école élémentaire quand pour les pays de l’OCDE (Organisation de
Coopération et de Développement Économiques), ce rapport est de 2 à 1.
Actuellement,
il existe 43 universités ou écoles publiques et plus de 170 universités ou
écoles privées de tailles petites en règle générale qui ont fait leurs
apparitions, à partir de 1985. Toutes ces établissements sont réparties dans 17
villes du royaume.
1.2.2 Les lacunes de l’enseignement supérieur
L’enseignement
supérieur au Maroc subit de profondes mutations, et s’est engagé dans le
processus de Bologne.
Du côté public :
Les employeurs
et recruteurs s’accordent à dire qu’au niveau technique, les grandes écoles
marocaines n’ont plus assez de compétences, et préfèrent recruter des étrangers
même si cela coûte beaucoup plus cher. Quant à l’université, on peut en tirer
le même constat. Les derniers chiffres disponibles montrent que 5 361
étudiants étaient inscrits en Sciences de l’ingénieur en 2008, alors que la
capacité d’accueil actuelle est de 12 218 places[4].
Du côté privé :
Seulement 9.6 %
de l’ensemble des étudiants en cycle supérieurs s’inscrivent dans les
établissements privés, la raison principale s’explique par les frais de scolarité
élevés, manque de subventions, d’avantages fiscaux pour les parents qui font le
choix du privé. Néanmoins, les banques offrent de plus en plus de crédits
spécialement pour les études supérieures. Enfin, l’un des handicaps majeur pour
les universités privées était la non reconnaissance par l’État des diplômes
décernés par ces opérateurs privés de l’enseignement supérieur.4
Mais en novembre
2010, le gouvernement marocain a publié un décret reconnaissant les diplômes
des universités privées à partir de la session 2011 et cela ne sera pas
rétroactif : « Les nouveaux diplômes bénéficieront d’une équivalence
nationale», annonce Abderrahmane Lahlou, président de l’université privée Mundiapolis. [5]
1.3 La
formation continue
Notre étude se
basant sur les étudiants en formation continue privé au Maroc, il est
intéressant de comprendre ce qu’est la formation continue.
1.3.1 La formation
continue privée au Maroc
C’est pour
essayer de répondre aux lacunes de l’enseignement public que la formation
continue privée s’est développée. La formation des cadres moyens ou supérieurs
se fait en 3, 5 ou 8 ans après le baccalauréat, et pour les techniciens
spécialisés en 2 ou 3 ans après l’obtention du baccalauréat ou du niveau bac.
En 2010, on prévoit que 20% du C.A. global de
l’enseignement supérieur marocain sera investi dans les établissements privés.
Les écoles de l'enseignement supérieur privé marocain offrent des formations
variées (chiffres 2007) :
-
9600 enseignants (10600 en 2006)
-
Taux d’encadrement 1 pour 32 étudiants
-
9700 fonctionnaires (11500 en 2006)
Le privé accueille 21000 étudiants (3700 lauréats en 2006) avec 110
établissements privés (68 concentré à Casa et Rabat)[6]
1.3.2 La
spécificité de la formation continue
La formation
continue se présente sous la forme d’une alternance régulière entre le travail
en classe, le travail scolaire à la maison et le travail en entreprise et dans
tous, il ressort un besoin de compétence de la part de l’individu. Néanmoins
chaque lieu de travail demande un mode de fonctionnement différent. Le travail
en classe est animé par l’enseignant, celui à la maison, est animé par
l’étudiant et enfin celui de l’entreprise par le chef d’entreprise. Le travail
à la maison peut-être défini comme fortement autodéterminé du fait qu’il est
décidé par l’individu. L’étudiant à partir de là, doit s’empêcher de se
disperser et doit se prodiguer des encouragements quand il est à la maison. De
là, il doit rechercher en lui-même des ressources pour se mettre au travail et
y rester, c’est une forme particulière d’apprentissage autorégulé où l’individu
est fortement autonome. De ce fait, l’individu va mettre des stratégies en
place pour s’autodéterminer. Mais dire que l’individu a besoin seulement pour
s’autodéterminer d’un répertoire de stratégies efficaces d’apprentissage ne
serait pas vrai. Puisqu’il faut tenir compte de l’énergie qu’on y place pour le
maintien de l’effort et de l’attention car ceux-ci sont concurrencés par des
activités plus intéressantes qui apportent plus de plaisir ou au contraire par
les difficultés rencontrées au cours du travail.
Le contexte en
formation continue est donc spécifique, du fait qu’il interagit avec trois
microsystèmes : familial, universitaire et celui du travail. L’existence
de ces trois microsystèmes constitue en soi -et souvent en pratique- un grand
problème pour examiner les variations contextuelles sur le développement
individuel. La prise en compte de ce contexte spécifique à la formation
continue n’est pas effectuée, où souvent, transposée à celui de la formation
initiale. Voir même, c’est souvent l’étudiant qui est le seul à faire
l’intermédiaire entre ces différents microsystèmes. Concrètement, la question
qui se pose est de savoir comment peut-on coordonner les apports théoriques, la
pratique du métier quand elle existe et les caractéristiques individuelles de
l’apprenant ?
Par exemple le
fait de pratiquer un métier ou pas au
moment de la formation peut avoir une incidence sur la motivation. Selon Carré
(2001), quand la formation est suivie par une personne qui est dans une
activité professionnelle bien définie, les représentations qui s’attachent à la
nature de l’activité auront un impact pertinent sur l’appropriation des
savoirs, à l’inverse lorsque l’activité professionnelle est incertaine ces points
de repères n’existent pas ou très légèrement. De même, « la situation
familiale joue un rôle tout à fait surprenant dans le rapport à la formation
[...], rôle qui convient toutefois de ne pas généraliser trop rapidement. Les
personnes (généralement des femmes) vivant seules avec un ou plusieurs enfants
sont les répondants qui se déclarent les plus motivés par la formation, sur
tous les terrains et pour ce qui concerne l’ensemble des motifs. Les femmes
sont également plus autodéterminées eu égard à la formation que les
hommes. » Carré (2001, p.188).
On voit bien
ici l’importance de la prise en compte du contexte et ceci dans le cadre de
notre étude à travers la théorie de l’autodétermination, peut-être encore plus.
« The important point, both
theoretically and practically, is that the extent to which people’s behavior is
autonomous, creative, vital, and intrinsically motivated is determined by an
interaction of their own personalities (what we call their autonomy
orientation) and the degree to which the social context is autonomy supportive.
Although the social context is enormously important in affecting people’s
motivation and behavior, people’s personalities also influence the social
contexts that, in turn, have an influence on them. » Deci et Flaste, 1995, p. 184.
Wapner (1976)
précise que dans le contexte social, on doit tenir compte non seulement de
l’enseignement mais aussi du lieu, des règles et des normes de comportement,
des attentes souhaitées, des modes d’interaction entre les personnes, du climat
de la classe, du laboratoire, des corridors... cité par J. Chevrier et coll.
2000c. On voit bien ici l’intérêt du contexte et sa spécificité.
1.4 L’Université privée Mundiapolis
Mundiapolis est
la plus grande université privée de Casablanca. Casablanca étant la première
ville économique du royaume. La création de cette université est due à la
formidable croissance économique du Maroc. Mundiapolis cherchant à répondre aux
attentes du marché du travail par la formation des futurs cadres en alliant une
solide compétence multidisciplinaire. Et pour être le plus à l’écoute des
entreprises, Mundiapolis a développé son architecture pédagogique sur la
formation continue et s’est engagée auprès des meilleures universités mondiales
pour créer des diplômes en partenariat et donc reconnus par ces dernières pour
développer la mobilité de ses étudiants entre autres.
De plus, pour
ne pas retrouver les mêmes lacunes que dans l’enseignement public, Mundiapolis
sélectionne ses diplômes dans un processus au cours duquel interviennent
plusieurs opérateurs afin de garantir le choix de la meilleure adéquation entre
les besoins des entreprises nationales et les diplômes proposés. Ainsi une
veille stratégique de l’évolution du marché de l’emploi est réalisée
périodiquement pour alimenter les organes de décision. Les associations
professionnelles, la CGEM (Confédération Générale des Entrepreneurs Marocains),
le réseau des intervenants professionnels, les cadres précédemment formés et
les cabinets de recrutement.
Nous avons choisi
Mundiapolis pour effectuer notre étude sur la motivation des cadres, avec pour
fil conducteur la théorie de l’autorégulation et les buts d’accomplissement,
car cette université est en contact avec l’université Pierre Mendès France de
Grenoble.
Mundiapolis
propose treize types de formation dont six Master 1 (Finance, Logistique,
Ressources Humaine, Marketing, Droit des affaires et Audit), cinq Master 2
professionnel (Ingénierie financière, Audit, Marketing, Ressources Humaines et
Droit des affaires), cinq Master spécialisé qui correspondent à un Bac+6 :
Management financier international, Audit, Logistique, Management de projets et
Systèmes d’information et enfin, une étude Doctorale de recherche en gestion,
avec aussi une formule Accréditation pour les Analystes et gestionnaires des
marchés financiers.
1.5 Les
caractéristiques des étudiants de Mundiapolis
Il y a environ
1 000 étudiants inscrits par année, c’est-à-dire 500 étudiants par
session. Les étudiants des cycles supérieurs de Mundiapolis sont des salariés,
cadres d’entreprises, dirigeants ou étudiants libres. Les professionnels
représentent généralement 80 % à 85 % de chaque promotion.
Chaque formation
coûte entre 5 000 et 7 000 euros par an, qui peut être payé par
l’étudiant ou pris en charge par l’employeur. Il est intéressant pour notre
étude de connaître les spécificités de l’emploi au Maroc, puisque notre étude
est basée sur des salariés qui décident d’aller en formation en même temps
qu’il travaille. Il y a un salaire minimum interprofessionnel garanti au Maroc
et une durée hebdomadaire régie par la loi.
Durée légale du travail au Maroc[7] :
• Article 184 de la loi n° 65-99, relative au
code du travail, promulguée par le Dahir n° 1-03-194 du 11 septembre 2003 (BO
n° 5210 du 6 mai 2004).
Durée/activité |
Durée annuelle |
Durée hebdomadaire |
Répartition |
Activité non agricole |
2288 heures |
44 heures |
Ne dépassant pas 10 heures par jour sauf dérogations
légales |
Activité agricole |
2496 heures |
Variation selon les nécessités des cultures. |
Déterminé par l’autorité gouvernementale compétente. |
Tous les
travailleurs doivent percevoir, en sus de leur salaire, une prime d'ancienneté
de :
5 % du salaire
après 2 ans de service continus ou non dans le même établissement ou chez le
même employeur :
§ 10 % après 5 ans de service
§ 15 % après 12 ans de service
§ 20 % après 20 ans de service
La dernière revalorisation du salaire minimum garanti date de 2008 dans
les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales - qui est
désormais de 10,64 dirhams/ l’heure - et le secteur agricole, à 55,12 dirhams
la journée.[8]
Ils sont
débattus librement entre employeurs et employés. Ci-après, des exemples pour
octobre 2009 en moyenne :
• Ingénieurs et cadres : 324.597 DH[9] , ce qui fait
en euros (avec pour cours indicatif 1 euro et 10 dirhams) : 32 459.70
euros annuellement.
La validation
d’acquis professionnel :
Les
acceptations de dossiers pour les Masters et Masters spécialisés se font
normalement sur titres : Bac + 3, Bac + 4 ou Bac +5. Mais certains de ces
salariés ne possèdent pas les titres requis pour postuler, de ce fait
Mundiapolis va s’appuyer sur leurs expériences professionnelles pour tenir
compte de leurs acquis professionnels (VAP). L’étudiant doit constituer un
dossier en complément du CV. Ce dossier doit permettre de retrouver une
description précise des activités exercées, le degré d’autonomie dans son
travail, les relations internes et externes à l’entreprise, un descriptif
précis des formations continues dans l’entreprise et une lettre expliquant
l’adéquation de la formation au parcours de l’individu. Ces validations
constituent environ 30 % de l’ensemble des apprenants.
L’organisation
académique :
Deux rentrées
sont organisées tous les ans : en octobre et en février. Les Masters et
les Masters spécialisés alternent cours et activité professionnelle (emploi ou
stage). De plus, les cours sont programmés vers 18h ou 18h30. Grâce à cela, les
cadres maintiennent leur activité en entreprises tout en leurs apportant des
compétences nouvelles au fur et à mesure de la formation.
Prise en charge
de la formation :
Au niveau de la
prise en charge de la formation, celle-ci peut se faire par l’entreprise quand
celle-ci souhaite mettre en place de nouvelles compétences professionnelles
pour des salariés ciblés ou quand l’entreprise commence à perdre des parts de
marché, elle va essayer de donner un nouveau souffle à ses salariés. Mais
souvent la prise en charge est faite totalement par l’étudiant pour obtenir des
diplômes et booster leurs carrières.
A la
question : votre formation est-elle prise en charge par
l’entreprise ? Les étudiants répondent que non qu’ils ne le souhaitaient
pas car après ils n’iront pas en formation avec le même intérêt. En plus, si
l’entreprise prenait en charge la formation, l’étudiant devrait s’engager 5 ans
avec elle, ce qu’il ne souhaite pas car pourrait remettre en cause son choix de
carrière.
Suite à cela, une
question supplémentaire s’est posée à nous : l’apprenant qui se forme en
même temps qu’il est dans l’entreprise crée une dynamique positive à sa
motivation (Carré, 2001). Mais, quelle motivation l’apprenant aura, du fait de
suivre une formation dans une autre spécialité que celle de son travail ?
Quelles sont dès lors leurs perspectives d'avenir quand ils auront obtenu leur diplôme? Les étudiants
répondent qu’au Maroc, il y a beaucoup d’opportunités de travail et que de ce
fait, ils font la formation surtout pour répondre à leurs attentes de
carrières. Il apparaîtrait que cette prise de conscience se serait faite grâce
à leur emploi actuel pour la majorité. On retrouve néanmoins des étudiants qui
n’ont pas encore travaillé à travers les étudiants libres.
2. Les éléments théoriques
mobilisés pour l’analyse de
cette population : la motivation
On a choisi
d’avoir une approche par la motivation car on pense qu’elle est la plus à même
de comprendre le comportement du professionnel qui souhaite suivre une
formation continue. Puisqu’il apparaitrait que le cadre s’engage en formation
pour différentes raisons (cf. Merriam et Caffarella).
Donc l’étude de
la motivation tiendra compte des différentes raisons qu’a l’apprenant à
s’inscrire en formation dans un premier temps et dans un second temps, ce qui
est l’un des buts de notre recherche aussi, c’est de savoir si des variables
externes à l’individu peuvent influer sur cette motivation, telle que les coûts
ou les matières non appréciées. Afin de mieux en comprendre leur impact sur la
motivation, par exemple : qu’est-ce qui motive le cadre à payer aussi
chère sa formation ?
Le terme de
motivation est souvent utilisé, et de ce fait, on en a différentes définitions.
Nous entendrons par motivation : les raisons qui poussent tout un chacun à
agir, et cela dans différents contextes.
Pour cela nous
essayerons de comprendre l’engagement du cadre en formation et l’impact de cet
apprentissage sur son concept de soi, pour mieux cerner la motivation et après,
nous essayerons de définir la motivation en tant que construit.
2.1 La
motivation en tant qu’engagement
La motivation en tant qu’engagement demande aux apprenants un
investissement important et varié dans l’accomplissement de leur formation. Cet
engagement demande différentes ressources :
·
Un effort dans un premier temps, car ces apprenants
travaillent la journée et doivent en soirée ou pendant leur week-end trouver en
eux-mêmes une quantité potentielle d’effort cognitif ou énergétique pour suivre
la formation continue. Ce niveau d’effort peut-être variable d’un moment à
l’autre. Il démontre l’une des facettes de leur engagement.
·
L’apprenant comme on l’a vu plus haut dispose d’une
quantité de temps limitée qu’il peut consacrer ou non à l’accomplissement d’une
tâche.
·
Les connaissances, les habiletés intellectuelles, les
aptitudes, les stratégies et les styles cognitifs constituent les compétences
de l’apprenant et font aussi partie des ressources dont il dispose. Mais
surtout dans le fait de les activer ou pas, de là on peut parler d’engagement.
·
Enfin le coût important de la formation peut supposer que
cet investissement financier développe un engagement important pour
l’apprenant.
Motivation
et engagement sont liés mais sont 2 concepts distincts. Dans l’engagement,
comme pour la motivation, l’étudiant peut en contrôler la durée, l’intensité et
la qualité de son engagement mais l’engagement ne nécessite pas un but à la
différence de la motivation.
2.2 Le
concept de soi
Lorsque
l’apprenant fait face à des difficultés, il se pose la question de savoir s’il
doit continuer ou s’arrêter, et ceci encore plus en formation continue. Le fait
de s’engager dans un apprentissage ne crée-t-il pas un risque sur le concept de
soi dans le fait que cet apprentissage peut-être une source de valorisation ou
de dévalorisation de soi. L’individu a intérêt à être responsable de son
engagement en formation afin de développer son autodétermination et pour
optimiser sa motivation. Comme le précise Carré (2001, p.181) :
« L’apprentissage qui implique un changement dans l’organisation du moi,
ou dans la perception du moi, est ressenti comme menaçant, et on a du mal à y
résister. Lorsque la menace contre le moi est faible, l’expérience vécue
peut-être perçue dans ses nuances et l’apprentissage peut avoir lieu.
L’apprentissage est facilité lorsque l’étudiant détient une part de
responsabilité dans la méthode. Un enseignement autodéterminé qui engage la
personne tout entière -avec ses sentiments autant qu’avec son intelligence- est
celui qui pénètre le plus profondément et qui est retenu le plus
longtemps. »
On voit ici
tout l’importance de la conception du soi pour l’apprenant, d’où l’intérêt de
son étude dans un chapitre spécifique. « Le concept de soi peut être
défini comme étant les perceptions qu’on a de soi, à partir de ses expériences
personnelles (James, 1890) et de sa perception à travers les autres (Cooley,
1902). » cité par Famose et Guérin, 2002.
Pour expliquer
le concept de soi, nous reprendrons l’un des modèles le plus reconnu pour le
concept de soi, qu’est celui de Shavelson, Hubner et Stanton (1976), car
celui-ci a été validé par la suite à travers des études empiriques effectuées
par d’autres chercheurs. Cette figure ci-dessous, (Famose & Guérin, 2002,
p.31) décrit une structure multidimensionnelle ordonnée hiérarchiquement avec
au sommet le concept de soi général et des conceptions plus fluctuantes au fur
et à mesure que l’on descend dans cette hiérarchie. De plus, chaque branche
devient progressivement différenciée, telle que le concept de soi général se
subdivise en concept scolaire et non scolaire...
[1] Revue Alternatives Économiques, Hors-série n°86 du
4ème trimestre 2010.
[2] Revue de sciences sociales au Sud, Autrepart, n°38-2006, p. 120.
[3] Revue monde Arabe : Maghreb-Machrek n°171-172 (janv-juin 2001) de la documentation française, p. 28.
[4] http://www.entreprendre.ma/Lacunes-du-systeme-d-enseignement-superieur-au-Maroc_a3415.html
[5] http://www.entreprendre.ma/L-equivalence-des-diplomes-acquise-pour-l-enseignement-superieur-prive_a3877.html
[6] ttp://www.uvt.rnu.tn/aprev/sapev/pdf/experience_marocaine_en_nouvelles_technologies_et_pedagogie.pdf
[7]
http://www.amb-maroc.fr/Economie_marocaine/eco%20mar_invest_legislation-trav.htm
[8] http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2009/07/08/feature-02
[9] http://www.lematin.ma/Actualite/Supplement/Article.asp?origine=sel&idr=661&id=121386

Le concept de soi serait défini par sept caractéristiques fondamentales :
1. il est organisé et
structuré,
2. multidimensionnel comme le
concept de soi scolaire ou le concept de soi social,
3. hiérarchique,
4. stable,
5. développemental c’est à
dire qu’il tient compte de l’âge de l’individu,
6. évaluatif c’est à dire que
l’individu peut s’évaluer donc porter un jugement pondéré par la situation,
7. et enfin il est
différenciable entre ses différentes parties telles que concept de soi scolaire
et non scolaire où on retrouvera une corrélation seulement entre chacune de ses
sous-parties uniquement.
De plus, nous
tenons à préciser que différents chercheurs ont apporté des apports
supplémentaires sur le concept de soi et l’estime de soi, trop souvent
confondus. On le voit entre autres par Shavelson et al. qui reprennent dans
leurs titres de tableaux : le concept de soi ou l’estime de soi, sans
marquer de différence. De ce fait, il est intéressant d’apporter plus de
précision à ce concept : « En d’autres termes, l’estime de soi est
composée d’une dimension affective qui correspond à la manière dont nous
évaluons notre valeur de soi et n’est pas composée de traits cognitifs. Le
concept de soi, lui, est une évaluation affective et cognitive que l’on fait de
nous-mêmes dans un domaine d’activité particulier, il est donc composé d’une
dimension évaluative affective et d’une dimension évaluative cognitive. Enfin,
le sentiment d’efficacité personnelle correspond à l’évaluation cognitive que
l’on effectue de nos compétences dans les tâches précises qui composent un
domaine particulier. Ce construit n’est pas doté d’une dimension affective, il
s’agit là essentiellement d’une évaluation cognitive d’une tâche précise
attachée à un domaine ou à une discipline particulière. » (Joët, 2009,
p.73),
Comme nous l’avons défini, le concept de soi est
multidimensionnel, c’est-à-dire qu’il évolue selon le contexte du moment. De ce
fait, on peut remarquer que pour étudier la motivation, il est préférable de
comprendre ce concept de soi qui est souvent associé à la motivation. Puisque
l’apprenant selon le contexte pourra développer telle ou telle motivation qui
aurait été influencée par son estime de soi pour sa valeur affective et par son
efficacité personnelle pour sa valeur cognitive. Et ceci encore plus dans un
contexte d’apprentissage. Car le cadre dans son engagement en formation va
s’auto-évaluer au niveau de son estime de soi et de son efficacité personnelle,
ce qui va poser les premières bases de sa motivation.
2.3 La
motivation
Afin de
comprendre le pourquoi de l’engagement des cadres en formation, on a souhaité
se basé sur l’étude des raisons qui déclenchent ce comportement. Pour cela on a
jugé intéressant de se baser sur la motivation. Puisque le cadre peut avoir
plusieurs raisons pour aller en formation : réussite d’un diplôme,
acquérir de nouvelles compétences, besoin d’accomplissement... De là, on a un
positionnement sur la motivation qui est multidimensionnelle, ce qui se
rapporte le mieux à notre étude qui recherche à comprendre quelle motivation a
l’étudiant lorsqu’il s’inscrit en formation.
De nombreuses
études ont essayé d’expliquer la motivation. Les premières études sur la
motivation étaient plutôt philosophiques, puis c’est au XXème siècle qu’elles
sont devenues plus psychologiques basées sur des études empiriques. On est
passé d’un stade subjectif à un stade objectif. La première étude empirique a
été plus spécifiquement faite sur l’instinct. C’est Mac Dougall en 1908, qui
sera le premier a étudié ce concept, il dira que les instincts induisent des
comportements dirigés vers un objectif. Et de là, surgira un questionnement sur
le fait que nos comportement sont-ils innés ou acquis ? Le courant des
comportementalistes ou béhavioristes qui ont remis en cause l’aspect instinctif,
va se tourner vers l’aspect de l’acquis
car le comportement serait appris. On parlera de conditionnement de l’individu.
Plus précisément, il y aurait 2 sortes de conditionnement : le
conditionnement classique, où l’individu répond à un stimulus découvert par
Pavlov en 1927 et le conditionnement opérant expérimenté par Thorndike en 1911.
Ce dernier explique qu’un comportement qui a des conséquences positives a plus de chance d’être répété
qu’un comportement qui a des conséquences négatives.
Puis Lewin, avec sa théorie basée sur le niveau d’aspiration va apporter
les premiers principes au courant cognitiviste. Le niveau d’aspiration se
définit comme le niveau de performance que l’individu s’efforce d’atteindre sur
une tâche qu’il connaît. De ce fait, le niveau d’aspiration est donc
directement lié aux buts que poursuit l’individu. De là, nous essayerons de
comprendre la notion de but et plus spécifiquement les buts d’accomplissement
car plus tournés vers l’apprentissage. Comme on le voit, dans cette approche il
n’y aurait pas qu’un seul but possible pour les cadres mais plusieurs ;
d’où l’intérêt pour nous d’en consacrer une étude spécifique, afin de nous
aider à mieux comprendre, la ou les motivation(s) du cadre en formation.
2.3.1 Les
problèmes de motivation liées à la notion de buts : les buts
d’accomplissement
Nuttin (1980) confirme l’importance du but : « L’activité du
sujet est dirigée vers, et régulée par, un résultat ou un état à atteindre,
c’est-à dire un but cognitivement représenté qui concrétise le besoin du
sujet. » Ainsi, ceux sont les buts poursuivis par les apprenants qui
donnent un sens à la situation, ou à la tâche, et qui déterminent la direction
de son comportement et la qualité d’investissement qu’il y consacre. Sans cette
croyance sur des résultats positifs anticipés, il ne peut y avoir de gestion du
flux du comportement motivationnel. Ce qui va à l’encontre des théories
béhavioristes, où c’est un stimuli qui provoque le comportement et non pas un
aspect cognitif.
Ici, nous nous intéresserons aux buts que poursuivent les étudiants
lorsqu’ils s’inscrivent en formation. Pour cela on va reprendre l’une des
définitions sur la motivation la plus reconnue par les chercheurs, celle de Vallerand
et Thill (1993). Pour Vallerand et Thill, « la motivation représente le
construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou
externes traduisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la
persistance du comportement. » Il est important de considérer la
motivation comme un processus dynamique et non comme un état permanent et figé.
Dans la motivation de Vallerand et Thill, on parle de direction, c’est à
dire la raison pour laquelle un individu s’engage dans une activité, donc le
« pourquoi ». De fait, la motivation ne peut-être comprise sans faire
référence aux buts que poursuivent les étudiants lorsqu’ils réalisent une
action. « Lors de la réalisation d’une tâche d’aptitudes, un état est
particulièrement désiré : être compétent. En effet, nous avons vu que les
tâches d’aptitudes impliquent qu’il existe une solution plus correcte que les
autres. Par ailleurs, donner une réponse ou une autre sur ce type de tâche
permet d’assigner aux individus une valeur sociale en termes de compétences
(Butera et Mugny, 2001 ; Mugny et al., 2001). Lorsqu’ils poursuivent une
tâche d’aptitudes, de fait, les individus sont fortement motivés par l’atteinte
de la compétence. Les buts répondant à cette recherche de compétences sont
qualifiés de buts d’accomplissement (achievement goals). Les buts
d’accomplissement sont donc une classe particulière de buts où ce qu’il faut
atteindre est la compétence. » Darnon (2004).
Pour Nicholls (1984), il y a deux types de buts d’accomplissement. Le
premier serait le but d’implication dans la tâche où on va développer un but de
maitrise et le second, le but d’implication dans l’égo qui développe une
comparaison sociale avec ses pairs. Dweck et Leggett (1988) confirme que
l’individu qui s’engage dans une activité va suivre l’un des deux buts
suivants : un but d’apprentissage ou un but de performance. L’individu qui
s’engage dans un but de performance souhaite se montrer à lui-même ses
capacités. Par contre, si l’individu s’oriente vers un but d’apprentissage
alors il va plutôt rechercher à développer ses compétences, cité par Fenouillet
(2003). Selon Fenouillet (2003), on peut mettre en lien les buts de
performances et la motivation extrinsèque. Tandis que les buts d’apprentissage
est une forme de motivation intrinsèque.
Ce but d’accomplissement est-il régit par un intérêt personnel ou
professionnel ? Du fait, que la décision de s’inscrire en formation est
prise en règle générale par le cadre et non par son entreprise. L’intérêt ici
peut-être considéré comme personnel et donc comme une forme spécifique de la
motivation comme certaines théories ont pu le faire, telle que celle basée sur
la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. Mais on tient à
préciser que les études faites sur l’intérêt se rapprochent de la théorie de la
motivation intrinsèque mais ne peut-être confondues comme le précise Schiefele
dans ses travaux de 1991 (cité par Fenouillet, 2003). L’intérêt s’appuie
fortement sur la théorie du niveau d’activation. L’intérêt a un objet ou a une
activité, selon les travaux de Berline de 1950 (cité par Fenouillet, 2003, p.
75), et est surtout basé sur un conflit cognitif. L’individu ferait face à des
stimuli complexes et inconnus qui vont entrainer un conflit avec ses
connaissances antérieures. Cela va interpeler l’individu, pour le conduire à
développer une excitation sur sa curiosité, qu’on appelle drive ou énergie, et
tant que cette énergie ne sera pas réduite cela créera un conflit cognitif chez
l’individu. La volonté de réduction est alors vue comme un renforcement qui va
alimenter la curiosité. Et au fur et à mesure que cette curiosité est assouvie,
l’objet du conflit sera intégré aux connaissances antérieures. D’autres
chercheurs voient au niveau de la curiosité, comme une recherche a un optimum
de stimulation. D’autres encore voient l’intérêt, comme un besoin d’acquisition
de connaissances.
Il est aussi intéressant de tenir compte de la double distinction que fait
Hidi sur l’intérêt individuel dans ses travaux de 1990 (cité par Fenouillet,
2003, p. 77). Le premier aspect appelé intérêt individuel qui correspond aux intérêts
et préférences individuelles et leurs conséquences sur les performances
cognitives. Le deuxième aspect, appelé intérêt situationnel où on tient plus en
compte du contexte. Comme pour le cadre qui peut avoir un intérêt individuel à
aller en formation, puis une fois en formation, le contexte de celle-ci peut influer
sur son intérêt individuel.
On peut remarquer aussi que l’intérêt individuel peut trouver son appétence
dans le fait de rechercher des impressions positives, par exemple, par l’étude
par un étudiant de matières qu’il apprécie. Et à contrario, aucun intérêt sur des matières qu’il n’apprécie pas. De ce
fait, il est intéressant pour nous, de comprendre la réaction de l’étudiant
quand il est face à ces matières qu’il n’apprécie pas, lorsque son intérêt individuel est essentiellement autodéterminé
c’est à dire qu’il s’est inscrit en formation sans aucune contrainte. On peut
même remarquer que cet intérêt individuel peut emmener l’individu à accepter de
payer un fort coût pour suivre cette formation. De ce fait, la caractéristique
essentielle de l’intérêt individuelle se transforme, pour se focaliser ici sur un
caractère intrinsèque de la motivation au sens de Deci et Ryan (1985). D’où
l’intérêt de baser notre étude sur la théorie de l’autodétermination de Deci et
Ryan (1985). Car en plus de tenir compte de cet aspect des choses, cette
théorie est aussi multidimensionnelle, ce qui nous permettra de bien distinguer
le type de motivation qu’a engendré le comportement du cadre en formation.
Enfin, cette théorie tient compte aussi dans ses principes de base du besoin de
compétence qu’on peut mettre en lien avec notre explication sur le but
d’accomplissement.
2.4 La
théorie de l’autodétermination (Deci et Ryan, 1985)
La théorie de l'autodétermination de Deci et Ryan s’articule entre les buts
et les besoins. Deci et Ryan mettent en relief trois besoins essentiels : le
besoin d'autodétermination, le besoin de compétence, le besoin d'être en
relation. Un comportement intrinsèquement motivé est alors défini comme un
comportement qui a un besoin de compétence et d'autodétermination. La
motivation intrinsèque serait le reflet de la liberté du sujet.
Pour bien analyser la notion d’autodétermination ou d’autonomie, il est
intéressant de comprendre que « l’autonomie est à concevoir comme le degré
avec lequel l’individu croit avoir le contrôle sur ses comportements (deCharms,
1968), se sentir à l’origine de ses actions (Deci, 1975) et faire l’expérience
d’un choix qui est concordant avec ses intérêts et valeurs intrinsèques (Deci
et Ryan, 1985, 1991 ; Kasser et Ryan, 1996) en l’absence de tout sentiment
de pression. » (Leroy, 2009, p. 60)
Comme on le voit la maîtrise du contrôle dans son comportement est
important « chez les théoriciens de l’attribution tels Heider (1958),
Jones et David (1965), Kelley (1967) et Ross (1977), puisque tous justifient
l’activité d’explication causale (ou d’attribution causale) par le besoin de
contrôle. Nous n’en donnerons pour preuve que cette phrase de Kelley qui est,
on ne peut plus explicite : « le but de l’analyse causale - sa
fonction pour l’espèce comme pour l’individu - est le contrôle effectif... Les
facteurs contrôlables auront une forte saillance comme candidats pour
l’explication causale. Dans le cas d’ambiguïté ou de doute, l’analyse causale
sera biaisée dans ses résultats en vue d’aboutir à des facteurs
contrôlables... » » Dubois, 1990, p. 16.
La théorie de l’autodétermination postule pour une distinction entre la
motivation autonome de l’individu (qui comprend la motivation intrinsèque et la
motivation extrinsèque par régulation identifiée) et la motivation contrôlée
par l’individu qui se positionne plutôt sur une motivation extrinsèque à
régulation externe et introjectée.
Selon Vallerand et Thill (1993), pour Deci et Ryan la motivation est à la
base de deux concepts complémentaires : la perception de compétence et le
sentiment d’autodétermination. C’est à dire plus l’individu se sentira
compétent, plus il sera convaincu de sa capacité à réaliser une action ;
et encore plus lorsqu’il aura le sentiment de s’engager dans l’action en toute
liberté. La combinaison de ces deux vecteurs permet de construire un modèle
simple mais reconnu et validé sur le plan empirique qui est le continuum
d’autodétermination.
Grâce à lui, on va rechercher à comprendre, de ce fait, quelle motivation a
l’apprenant à travers ce continuum d’autodétermination. Le continuum
d’autodétermination est intéressant du fait qu’il positionne l’individu au
niveau de sa motivation et de là on peut décrire les étapes à mettre en place
pour améliorer la motivation, d’où l’intérêt de la théorie de l’évaluation
cognitive, qui nous aide dans la compréhension de ces étapes. Par conséquent,
on distingue deux grands types de motivation, qui vont faire partie d’une même
échelle de la motivation : le continuum
d’autodétermination qui commence par la motivation extrinsèque pour
finir par la motivation intrinsèque.
- la motivation extrinsèque : est activée par une force
extérieure à l’apprenant, puisque c’est la notion de bénéfices attendus après
l’activité qui importe ; ou par la crainte de sanctions venant de
l’extérieur que l’apprenant va s’engager. Celle-ci est distinguée en 3
sous-dimensions : régulation externe, régulation introjectée et régulation
identifiée.
La motivation extrinsèque à la régulation externe est basée sur le fait que
l’individu effectue l’activité pour obtenir des récompenses ou éviter des
punitions (matérielles ou sociales) de son environnement. Cette motivation
renforce la dépendance de l’individu avec les autres, de ce fait cette
dépendance peut-être une cause de conflit interpersonnel.
La motivation extrinsèque par régulation introjectée est basée sur le fait
que l’individu va intérioriser sa régulation en se motivant par lui-même, mais
elle reste externe car il va y ajouter des « pressions » plus ou moins
conscientes face à son engagement dans l’activité. L’une des pressions la plus
importante qu’il mettra en œuvre est son estime de soi, son égo pour le
protéger ou éviter de le diminuer.
La motivation extrinsèque par régulation identifiée, ici, l’individu est
conscient que l’activité qu’il effectue n’est pas plaisante mais qu’il a la
liberté de la faire ou non. Pour cela il va effectuer son travail de façon
instrumentale, c’est-à-dire qu’il va se dire qu’il veut faire l’activité, du
fait de cette notion de liberté au lieu de se dire qu’il faut la faire, comme
pour les régulations plus externes. Ainsi l’individu fait son travail par choix
délibéré et sans pression personnelle (régulation introjectée) ou par pression
d’autrui (régulation externe).
- la motivation intrinsèque : est focalisée sur la participation à l’activité et
dépend de l’individu lui-même qui se fixe ses propres objectifs, construit ses
attentes, et le renforcement est obtenu par la réussite de ses objectifs qu’il
s’est lui-même fixé. De plus, les attentes de récompenses sont plus dues à des
émotions positives comme la joie, le plaisir, la liberté ou encore la
relaxation. Celle-ci aussi, sera distinguée en 3 sous-dimensions : à la
connaissance, à l’accomplissement et à la stimulation.
La motivation intrinsèque aux stimulations est basée sur le fait que
l'individu ressent des stimulations plaisantes d'excitation, d'amusement,
d'esthétisme ou de plaisirs sensoriels à travers sa participation à l’activité.
Tandis que la motivation intrinsèque à la connaissance est basée sur le
fait que l'individu pratique l'activité pour la satisfaction d'être en train
d'apprendre des choses nouvelles. L’individu s’engage dans une activité pour le
plaisir qu’il a d’apprendre, d’explorer et d’essayer de nouvelles choses.
Enfin, la motivation intrinsèque à l'accomplissement est basée sur le fait
que l'individu pratique l'activité pour la satisfaction et le plaisir d'être en
train d'accomplir, de créer ou de relever un défi optimal. L’individu s’engage
pour se surpasser, l’important est le processus et non le résultat de
l’accomplissement.
Pour finir, l’amotivation est à l’extrême du continuum d’autodétermination.
C’est le fait que l’individu ne s’engage pas dans l’activité car il pense qu’il
a un manque d’habileté pour la réussir. De ce fait, il va la contourner pour
éviter un sentiment d’incompétence. Cela peut-être aussi un refus d’engagement
dans l’activité car celle-ci demanderait une quantité d’efforts trop
importante. Enfin, on peut parler aussi pour cette dimension de résignation
apprise où l’individu a une perception que tout ce qu’il engage est voué à
l’échec.
Après avoir essayé d’expliquer le contexte d’apprentissage et la
motivation, nous allons voir où se situe la motivation globale et la motivation
selon nos objectifs exploratoires.
3. L’étude
empirique
3.1 Protocole
méthodologique
Population
Les étudiants
sondés sont en formation continue et il y a très peu d’étudiants libres. Il y
avait 111 sujets provenant de différentes formations pour cette étude :
Master 2 Marketing, Master 1 et Master 2 Droit des affaires, Master 1
Ressources Humaine, Master 1 Logistique, Master 1 Finance, Master spécialisé
Logistique des Achats et Master 2 Ingénierie financière. Les disciplines n’ont
pas été choisies volontairement.
Tous sont
francophones, étant originaires soient du Maroc, soient de pays subsahariens.
Les étudiants à Mundiapolis ont en moyenne 27 ans dans notre échantillon (voir
tableau ci-dessous) et sont donc en règle générales salariés dans le secteur
privé, il y a légèrement plus de femmes (51 %) que d’hommes (49 %). La durée de
travail au Maroc pour ces étudiants était d’environ 44h hebdomadaire. Certains
étudiants ont bénéficié d’une validation des acquis pour entrer en formation. Nous
constatons que 82 % des étudiants sont en Master 2 et seulement 18 % sont en
Master 1.
Conception du questionnaire
À partir du
cadre théorique et afin de recueillir des informations pertinentes permettant
de tester les hypothèses, un questionnaire a été construit. Afin de mesurer les
différentes motivations précédemment vues, nous avons élaboré des items
s’attachant à mesurer la motivation, en ciblant la motivation et le coût
financier en cours, la motivation et le coût financier à venir, enfin la motivation
et le comportement des étudiants face à des matières non appréciées. La durée
totale de passation du questionnaire devant être de 15 minutes environ. Une
vingtaine d’items ont ainsi été construits et vingt-huit items repris et
adaptés du questionnaire de Vallerand et al. (1989), sur la motivation en
éducation.
Des autres
séries de questions permettant de mieux comprendre la motivation avec les
thèmes précités ont été formulées. Des données d'ordre sociodémographiques ont
également été incluses dans ce questionnaire, afin de répondre aux hypothèses
énoncées précédemment. Nous avons ordonné les questions : au début ceux de
Vallerand et al., puis on a inséré les questions par thème basées sur les 7
dimensions de la motivation et en mettant à la suite, des questions
d’informations sociodémographiques. Ce travail a permis d'articuler les
différents thèmes de recherches et de bâtir un questionnaire de 63 items. (Voir annexe).
Formulation des items
Nous avons eu
recourt à des échelles de Lickert : échelle ordinale pour laquelle les
réponses à une question sont classées suivant un ordre hiérarchique, de
« pas du tout en accord » à « tout à fait en accord ».
Les items, de
Vallerand et al., ont été adaptés au contexte spécifique de l’université privé
qu’est Mundiapolis. Par exemple Vallerand et al. avaient un item (Q3) sous
cette forme-là : « Parce que selon moi des études secondaires vont
m’aider à mieux me préparer à la carrière que j’ai choisie. » par
« Parce que selon moi des études post bac vont m’aider à mieux me préparer
à la carrière que j’ai choisie. » ; où encore, (Q4) « Parce que
j’aime vraiment ça aller à l’école » par « Parce que j’aime vraiment
ça aller en formation ».
Pour les items
que nous avons faits, nous nous sommes encore une fois inspirés de ceux de
Vallerand et al., afin de les construire. Pour les 7 items qui se basaient sur
le coût de formation en-cours, ceux-ci représentant chacun une des 7 dimensions
de la motivation, on a mis au début de l’item, le thème, et à la fin, on a
repris un item de Vallerand et al.. Par exemple, pour l’item 35 :
« Parce qu’investir financièrement autant dans cette formation, est une
manière pour moi, de me prouver que je suis capable à la faire si je le
décide. », on s’est basé sur l’item 28 de Vallerand et al. pour le
construire : « Parce que je veux me prouver à moi-même que je suis
capable de réussir dans les études. ». Pour le thème de la poursuite des
études avec un sous-entendu d’un coût à venir, item 42 toujours basée sur
l’item 28 de Vallerand : « Parce qu’après cette formation, je veux
aller plus loin pour me prouver à moi-même que je suis capable de persévérer
dans mes études. ». Et enfin, pour le thème des matières non appréciées
par les étudiants de la formation, on a construit l’item 49, toujours sur la
base de l’item 28 de Vallerand et al., selon cette adaptation :
« Parce qu’il le faut et lorsqu’une matière ne me plaît pas, c’est
difficile pour moi de la travailler, mais je le fais pour me prouver à moi-même
que je suis capable de le faire. ». Nous avons défini 6 degrés d’accord,
un nombre pair sur l’échelle de Lickert évitant une position intermédiaire sans
opinion marquée.
Le pré-test
Nous avons fait
des interviews d’une dizaine d’étudiants afin de bien comprendre le contexte et
de se positionner sur les questions à poser. Puis on a fait passer le
questionnaire à une quarantaine d’étudiants de Master pour voir s’il était
cohérent et afin de calculer l’alpha Cronbach de cette première version du
questionnaire.
Passation des questionnaires
La passation du
questionnaire a été fait directement dans les salles de cours, où on
intervenait un instant pendant le cours, en essayant de gêner le moins possible
les étudiants et en leurs précisant que le questionnaire était anonyme. Ceci
afin d’avoir la meilleure qualité possible des réponses.
Codage des données
Afin de
standardiser le recueil des données, un tableau Excel type a été construit
ainsi qu’un dictionnaire des codes (Voir
annexe). Grâce à ce document, des informations d'ordre alphanumérique telles
que le genre ou la catégorie socioprofessionnelle des parents deviennent
utilisables pour l'étude. Les réponses aux questionnaires ont été codées
individuellement, puis un fichier compilant l’ensemble des résultats a été
construit. Toutes les questions sans réponse ou douteuses ont été ignorées pour
l’analyse des résultats.
3.2 Traitements
et analyse des données
Point de vue théorique :
Les données récoltées : quantitatives ou qualitatives. Dans le cadre
de notre étude, nous avons les 2 types de données dont des données
dichotomiques binaires, exemple : Avez-vous fait un crédit pour votre
formation ? Oui/Non ; des données ordinales à travers les échelles de
Lickert.
Les échantillons constitués sont caractérisés par le nombre de données
les constituant et la dépendance des données. Pour notre étude, les variables
étaient indépendantes donc non appariées car non issues du même sujet. Le but
du test à effectuer a été pour chacun de nos tests une comparaison de deux ou
plusieurs échantillons.
Lorsque la variable possède plus
de deux modalités, comme la Catégorie Socio Professionnelle, nous avons utilisé
la technique de l’ANOVA pour l’étude statistique.
Nous avons aussi vérifié l’Alpha Cronbach de l’échelle destiné à mesurer
le concept étudié ici : la motivation et ses 7 dimensions. On le fait par
une analyse de tous les items mesurés à l’aide d’une échelle de Lickert.
Point de vue pratique :
Pour la qualité de l’échelle des 7 dimensions de la motivation : des
Alpha de Cronbach ont été calculés, avec le logiciel SPSS, pour nos items sur
les 7 dimensions de la motivation, ils vont de 0.681 à 0.802 (voir ci-dessous). Ces valeurs élevées indiquent une assez bonne
qualité de l’échelle construite.
Nous avons donc utilisé l’échelle
de motivation construite dans nos analyses. Mais on doit dire qu’on a dû
pratiquer à une modification car on avait trouvé pour la dimension Motivation
Extrinsèque – Identifiée, un Alpha Cronbach qui était de 0.166 lors de la
première version du questionnaire.
Afin de bien
vérifier que nos items, rajoutés à ceux de Vallerand et al., étaient bien
fiables, nous avons calculé l’Alpha Cronbach pour les items uniquement de
Vallerand et al., et l’Alpha Cronbach de tous les items. Il en ressort que nos
items apportent un meilleur Alpha Cronbach que si on se base seulement sur ceux
de Vallerand et al..
Tabl. 1 Statistique de fiabilité
Dimension de la Motivation |
Alpha de Cronbach des items Vallerand et al. |
Alpha de Cronbach de tous les items |
MI à la connaissance |
0.744 |
0.757 |
MI à l’accomplissement |
0.741 |
0.802 |
MI à la stimulation |
0.607 |
0.769 |
ME Identifiée |
0.660 |
0.681 |
ME Introjectée |
0.794 |
0.791 |
ME Régulation Externe |
0.734 |
0.788 |
Amotivation |
0.682 |
0.759 |
Pour répondre à
nos hypothèses de départ, nous avons construit un score global des 7 dimensions
de la motivation pour tous les sujets. À partir de nos 48 items présents sous
forme d’échelle de Lickert (tous nos items étant codés uniformément de 0 à 5),
nous avons calculé la moyenne des scores, ceci sur Excel.
Nous avons
comparé les moyennes théoriques de chaque échantillon, à partir des tests
paramétriques d’ANOVA. Pour l'étude de la significativité, si la probabilité
critique est <0,05 (risque d’erreur de 1ère espèce α inférieure
ou égale à 5%), on considère qu'il existe un effet statistiquement significatif
de la variable étudiée. De plus, nous avons trouvé intéressant aussi d’élargir
la significativité en tenant compte de la tendance de celle-ci, c’est à dire
que la probabilité critique était positionnée à inférieure à 10% (0.10).
Par conséquent,
dans une première partie, de nos résultats nous essayerons de mieux comprendre
le contexte de la formation à travers des données socioéconomiques. Puis dans
une deuxième partie, nous essayerons de voir quelle motivation ont les
étudiants en entrant en formation continue ? Et enfin, dans une troisième
partie, nous verrons l’impact du thème étudié sur la motivation.
3.3 Résultats
3.3.1 Données
socioéconomiques
Nous avons
souhaité aussi, suite aux entretiens, voir si le souhait de poursuivre d’autres
études après le Master était général ou pas. Et nous avons constaté que plus
des deux tiers des étudiants ont la volonté de poursuivre leurs études après
leur Master.
Du fait du
financement élevé de la formation, nous leurs avons demandé s’ils ont été aidé
financièrement. A ce niveau, nous
constatons que plus de 70% des étudiants (71,70%) n’ont pas fait de crédit
bancaire pour leurs études et dans ses 70 %, que 56 % des étudiants n’ont
pas demandé d’aide à leurs parents, tandis que 44 % l’ont fait. Selon certains
étudiants leur refus d’aide financière est dû à leur choix d’indépendance.
De plus, nous
avons souhaité savoir comment ces étudiants se positionnaient face à des
matières qu’ils n’appréciaient pas. Nous
constatons que 70.19% des étudiants
n’ont pas demandé d’aide extérieure, tandis que 29.81% l’ont fait. De là, nous
avons voulu savoir si les étudiants développaient un effort supplémentaire par
eux-mêmes pour ces matières spécifiques ? Nous constatons que 64 % font un effort spécifique sur ces
matières non appréciées, tandis que 36 % ne font pas d’effort spécifique. On
peut voir ici, que les étudiants ont une volonté de réussite due à leur effort
supplémentaire, tout en oubliant pas que le contexte de la formation continue
est très carnivore en temps personnel.
Enfin, il y
aurait environ 68% des étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études. De là,
nous leurs avons demandé si le fait de payer de nouveaux frais d’inscription cela
pouvait-il annulé ou reporté leur nouvelle inscription. Nous constatons que 64 % de ces étudiants pensent que le coût
supplémentaire pour la poursuite d’études peut être une entrave à cette
poursuite d’études, tandis que 36 % pensent que non.
La Catégorie Socio Professionnelle (CSP) des parents
Selon la littérature, il est intéressant
d’étudier la CSP, car elle peut-être un fort catalyseur de l’autodétermination.
Tabl. 2 (La taxonomie des professions correspond à celle
de l'INSEE français.)
CSP |
Effectifs Mère |
% |
Effectifs Père |
% |
1. Agriculteur |
0 |
0 |
1 |
1.16 |
2. Artisans,
Commerçants et Patrons de -10 salariés |
2 |
2.19 |
16 |
18.60 |
3. Cadres,
professions supérieures |
8 |
8.79 |
26 |
30.23 |
4. Professions
intermédiaires |
12 |
13.19 |
10 |
11.62 |
5. Employés |
4 |
4.40 |
3 |
3.50 |
6. Ouvriers |
0 |
0 |
3 |
3.50 |
7. Retraités |
6 |
6.59 |
22 |
25.58 |
8. Sans activité |
59 |
64.84 |
5 |
5.81 |
Effectif |
91 |
100 |
86 |
100 |
La CSP des
pères la plus représentée pour les étudiants de Master de l’échantillon est
celle des cadres, professions supérieures avec 30.23 %, ce qui démontre une
certaine aisance financière des étudiants de Mundiapolis. Ceux-ci feraient plus
partie des classes moyennes ou supérieures du Maroc. Cela peut relativiser
l’importance du coût financier des études pour les étudiants de Mundiapolis.
Tandis que pour
la CSP des mères la plus représentée pour les étudiants de Master de
l’échantillon est celle des personnes sans activité. Il est probable que les
mères sont sans revenu car leurs maris ont des hauts revenus, puisqu’un tiers
des pères font partie des classes élevées, et de ce fait elles ne souhaitent
pas travailler.
a.
La Catégorie Socio Professionnelle (CSP) des étudiants
Nous avons souhaité mieux comprendre le fait que la
plupart des étudiants ne demandaient aucune aide financière, d’où l’étude de
leur CSP.
Tabl. 3 La CSP des étudiants
CSP étudiant |
Effectifs (N=101) |
% |
Cadres |
42 |
41,58% |
Professions. Intermédiaires |
23 |
22,77% |
Employés |
15 |
14,85% |
Sans activité |
21 |
20,79% |
La CSP la plus
représentée des étudiants de Master de l'échantillon est donc celle des cadres,
ce qui peut expliquer cette indépendance financière. Puisque 42 % d’entre eux
ont une fonction de cadre dans leur entreprise.
b.
Le niveau d’études des parents
La littérature
nous invite à porter notre attention sur le niveau d’études des parents. Nous
avons regroupé les niveaux d’études primaire, collège et lycée sans le bac dans
la catégorie « Sans diplôme », pour les pères et les mères.
Tabl. 4 Niveau
d'études des pères
Niveau d'études |
Effectifs (N=80) |
% |
Sans diplôme |
13 |
16.25% |
Lycée avec Baccalauréat |
12 |
15.00% |
Jusqu’à bac+3 |
28 |
35.00% |
Supérieur à bac+3 |
27 |
33.75% |
Nous constatons
ici que la catégorie du niveau d’études la plus représentée par les pères est
jusqu’à Bac+3 (35 %), mais aussi il est intéressant d’y ajouter ceux qui ont un
niveau de diplôme supérieur à bac + 3 car ils représentent 33.75 %. De là, on
peut en conclure qu’environ 70 % des pères ont un très bon niveau d’études dans
notre échantillon, ce qui est très important et confirme que c’est surtout les
classes moyennes et supérieures qui s’inscrivent à ces formations.
Tabl. 5 Niveau
d'études des mères
Niveau d'études |
Effectifs (N=83) |
% (au dixième près) |
|
Sans diplôme |
28 |
33.73% |
|
Lycée avec Baccalauréat |
25 |
30.12% |
|
Jusqu'à Bac + 3 |
20 |
24.10% |
|
Supérieur à Bac + 3 |
10 |
12.05% |
Nous constatons
ici que la catégorie la plus représentée par les mères est « Sans
diplôme » avec 33.75 % et celle qui a un résultat quasi-équivalent est la
catégorie des mères qui ont le bac. Donc on peut en dire, que 64 % des mères
ont un niveau jusqu’à bac pour maximum. Nous rappelons que 65 % des mères sont
sans activités, cela serait dû à un choix car le mari a de bons revenus ou dû à
un manque de qualification pour trouver un travail.
3.3.2 Positionnement
de la motivation globale
Nous allons
essayer de savoir si le cadre est autodéterminé quand il suit sa formation. Puisqu’il
apparaitrait que plus le cadre est autodéterminé, plus il développera sa
motivation, plus il aura des chances de réussir sa formation. Et nous essayerons
après de voir aussi, quelle(s) motivation(s) a spécifiquement le cadre en formation ?
Pour cela, nous
allons tout d’abord calculer les différents types de motivation que l’étudiant
aurait en formation, selon le questionnaire de Vallerand et al., puis on
recalcule ces différents types de motivation en ajoutant au questionnaire de
Vallerand et al., nos thèmes prédéfinis. On appellera ce dernier calcul : Questionnaire
Global, afin de le distinguer du calcul de la motivation selon le questionnaire
uniquement de Vallerand et al. (nous avons placé le questionnaire global et la clé
de codification pour chaque dimension en annexes).
3.3.2.1 Le type de motivation des
cadres
L’idée première de ces deux calculs, qui sont repris dans le tableau
ci-dessous, est dans un premier temps de calculer et de comparer les moyennes de
motivation selon Vallerand et al. avec ceux du questionnaire global pour
vérifier si les thèmes ajoutés ne vont pas l’encontre du questionnaire de base
de Vallerand et al.. Dans un deuxième temps, nous essayerons de voir si ces
apprenants sont autodéterminés dans leur formation, et enfin, nous essayerons
de comprendre le type de motivation des cadres en formation, en nous focalisant
sur celles qui ont la plus forte moyenne.
Pour obtenir les
moyennes de chaque dimension de la motivation, nous les avons calculé en deux
étapes : la première étape se fait par le calcul de la moyenne de chaque
question de Lickert, pour rappel l’échelle de Lickert va de 0 à 5 ; puis
on regroupe les moyennes de ces questions selon leur dimension de motivation
afin de calculer la moyenne de chaque dimension.
Tabl. 6 Récapitulatif des moyennes des différentes dimensions selon leur
regroupement
MOTIVATION |
Selon Vallerand |
Effectif |
Globale |
Effectif |
MIC |
3.85 |
110 |
3.73 |
75 |
MIA |
2.92 |
105 |
2.94 |
71 |
MIS |
3.43 |
111 |
3.26 |
72 |
MIDEN |
3.86 |
109 |
3.70 |
73 |
MINTR |
2.86 |
107 |
2.80 |
71 |
MREG |
3.72 |
110 |
3.43 |
73 |
AMO |
0.57 |
109 |
0.71 |
101 |
Au niveau de la
comparaison des 2 questionnaires, à travers le tableau ci-dessus, il apparaitrait
qu’avec les thèmes ajoutés on retrouve la même tendance qu’avec le
questionnaire de base de Vallerand et al., ce qui vient à confirmer nos
résultats qu’on obtient dans ce questionnaire global.
Au niveau de
l’autodétermination, il est difficile aux premiers abords de donner un avis sur
ces résultats, car tous nos résultats dépassent la borne centrale de 2.5,
puisque notre échelle de Lickert va de 0 à 5. Ce qu’on peut dire, c’est que le
questionnaire de Vallerand et al. ou le questionnaire global démontre que le
cadre est autodéterminé et non-autodéterminé à la fois, cela ne nous aide pas
beaucoup, dans la compréhension de l’autodétermination du cadre en formation.
Lin et al.
(2003) dans leurs travaux concluaient que la motivation extrinsèque n’est pas
un frein à l’apprentissage et qu’au contraire, ils considéraient que le profil
idéal d’un apprenant serait une forte motivation intrinsèque avec une
motivation extrinsèque moyenne. On voit là, que la motivation extrinsèque
aurait un rôle a joué, tant que celle-ci n’est pas supérieure à la motivation
intrinsèque.
A partir de
cela et afin de mieux comprendre nos résultats, nous nous sommes appuyés sur
l’index de motivation autodéterminé qui est utilisé pour mieux apprécier le
niveau d’autodétermination de l’apprenant envers ses études. Cet outil a
souvent été utilisé (voir Vallerand, 1997, pour une recension exhaustive, cité
par Boiche et Sarazin, 2007, p.15) et est basé sur le fait, d’ajouter un poids
aux différents types de motivation autodéterminée. Les 3 types de motivation
intrinsèque à l’accomplissement (MIA), à la connaissance (MIC), à
la stimulation (MIS) ont un poids de +2 et la motivation extrinsèque par
régulation identifiée (MIDEN) un poids de +1. Alors que la motivation
extrinsèque par régulation introjecté (MINTR) et par régulation externe
(MREG) ont un poids de -1 et pour l’amotivation (AMO), c’est -2.
Ce qui nous donne la formule suivante : (2*(MIC+MIA+MIS)/3+MIDEN)-(MREG+MINTR)/2+2*AMO))).
Cette formule nous donne l’index global de motivation (cité par Boiche et
Sarazin, 2007, p.15).
Tabl. 7 Index Global de Motivation selon le
questionnaire global
|
Index Global de Motivation
(Échelle de l’IGM, variation de -18 à +18) |
Questionnaire Vallerand et al. |
+ 6.23 |
Questionnaire Global |
+ 5.79 |
On remarque
cette fois, que les 2 questionnaires démontrent une volonté d’autodétermination
des cadres en formation à Mundiapolis, du fait que les résultats sont positifs.
Mais ces résultats ne sont pas assez prononcés vue l’échelle. De plus, en
utilisant cet outil, on revient sur une analyse unidimensionnelle. Cette
analyse est intéressante pour comprendre l’autodétermination de l’apprenant,
mais on doit revenir sur une analyse multidimensionnelle pour mieux cerner la
motivation du cadre.
Au niveau du
type de motivation, à travers l’analyse multidimensionnelle, on se donnera une
échelle d’analyse spécifique à nos moyennes, où on tiendra compte des valeurs
de moyennes qui sont supérieur à 3, bien que la borne centrale devrait être de
2.5, mais afin de mieux voire la tendance nous nous baserons sur une valeur de
3 et au-dessus, pour déterminer les dimensions de motivation les plus
importantes pour notre étude.
Dans notre
tableau 6, on ne peut pas dire qu’il n’y a qu’une ou deux dimension(s) qui
ressortent puisqu’il apparaît que les moyennes de 4 dimensions sont aussi
importantes les unes des autres, sauf celle de l’amotivation qui est de 0.71 et
les autres restantes, tendent vers 3. Ce qui démontre que différentes
motivations rentrent en interaction dans la volonté du cadre de suivre une
formation. D’où l’intérêt de faire une analyse multidimensionnelle, et pour cela
on se basera sur les dimensions les plus importantes.
L’analyse des données (tableau 6), de la présente recherche sur le type de
motivation des étudiants qui vont en formation indique, à partir de notre
questionnaire global, que les étudiants ont d’abord une motivation intrinsèque
à la connaissance qui est de 3.73, la moyenne la plus forte de toutes les
dimensions, ce qui démontre leur fort intérêt pour la formation. Et aussi, une
motivation extrinsèque identifiée ayant une moyenne de 3.70, cette dimension
est celle qui se rapproche le plus du pôle de la motivation intrinsèque comme
vu théoriquement ce qui confirme l’aspect autodéterminé du choix de la
formation et l’envie de réussite de l’étudiant. Avec néanmoins dans cette
dimension de la motivation extrinsèque identifiée, une certaine obligation
d’aller en formation. On remarque aussi la dimension à régulation externe qui
vient en 3ème position, et qui
a une moyenne de 3.43, ce qui voudrait dire que le cadre s’inscrit en formation
pour réussir un diplôme, aussi.
Dans notre étude, nous voyons à travers nos résultats, que 2 à 3 dimensions
ressortaient avec un score quasi-égal. Nous tenons à faire remarquer que nos
résultats statistiques sur les dimensions de la motivation, tendent à la
création d’une sorte de simplex où deux dimensions sont souvent au premier
niveau en même temps. De ce fait, nous nous sommes posé la question de savoir,
si notre continuum d’autodétermination correspondait bien à la théorie de
l’autodétermination. C’est pourquoi, nous avons fait ci-après une analyse
statistique pour voir s’il y avait une corrélation ou pas entre les dimensions.
3.3.2.2 La relation
entre les sous-échelles de motivation par l’étude de leur corrélation
Nous avons voulu vérifier que les différentes motivations postulées par la
théorie de l’autodétermination correspondent bien à un continuum
d’autodétermination. Puisque comme il est précisé dans le contexte théorique,
les motivations devraient se distinguer conceptuellement sur un continuum
d’autodétermination. On peut vérifier empiriquement ce postulat par l’examen du
patron d’intercorrélation entre les 7 dimensions de l’échelle. Ce patron
devrait se manifester de la façon suivante : les corrélations positives
les plus fortes devraient se retrouver entre les motivations les plus proches
sur le continuum. Et le coefficient de corrélation devrait diminuer d’intensité
entre les motivations les plus éloignées (motivation intrinsèques à
l’amotivation), et cela, progressivement entre les relations des différentes dimensions.
On s’attend donc, à ce que l’amotivation n’a aucune corrélation avec les
autres dimensions, car par définition elle se caractérise par l’inaction des
mécanismes de régulation. C’est le cas pour nos résultats sauf pour la
motivation extrinsèque introjectée. Pour les autres dimensions, on s’attend à
ce que les dimensions représentant la motivation intrinsèque corrèlent le plus
entre elles ; et pareil avec celles représentant la motivation
extrinsèque, ce qui est le cas dans nos résultats.
Tableau 8 Corrélation des 7 dimensions de la motivation
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
AMO |
MIC |
1 |
0,63 |
0,82 |
0,57 |
0,43 |
0,41 |
-0,12 |
MIA |
|
1 |
0,71 |
0,55 |
0,76 |
0,49 |
0,15 |
MIS |
|
|
1 |
0,53 |
0,58 |
0,41 |
-0,06 |
MIDEN |
|
|
|
1 |
0,51 |
0,69 |
0,02 |
MINTR |
|
|
|
|
1 |
0,54 |
0,30 |
MREG |
|
|
|
|
|
1 |
0,25 |
AMO |
|
|
|
|
|
|
1 |
En conséquence, sur le plan de la fidélité de notre questionnaire global,
nous avons de très bons résultats. Mais un peu moins bon sur le plan de la
validité, bien que la plupart des résultats démontrent une très bonne
corrélation entre les sous-échelles. On a des exceptions par exemple pour le
coefficient de corrélation qui mesurait le lien entre Amotivation et Motivation
Extrinsèque Introjectée qui est de 0.30 quand celui-ci devrait au moins tendre
vers zéro ou être négative. Où pour la Motivation Extrinsèque Introjectée en
corrélation cette fois avec la Motivation Intrinsèque à l’Accomplissement qui
est de 0.76 ce qui est trop important, du fait qu’ils ne font pas partie du
même pôle du continuum d’autodétermination
A partir de là, on voit qu’on est bien en face d’un continuum avec deux
pôles intrinsèque et extrinsèque. Et de ce fait, on peut considérer que notre
continuum d’autodétermination est bon.
En conclusion pour notre interprétation de nos résultats, on peut dire qu’au
niveau de la motivation globale des cadres en formation continue selon le
questionnaire global, qu’ils décident d’aller en formation tout d’abord pour la
satisfaction et le plaisir de l’apprentissage. Le processus de faire une
activité de formation, constitue donc une satisfaction en soi et la raison
fondamentale qui les motive à aller en formation (la dimension motivation
intrinsèque à la connaissance est la moyenne la plus importante).
Mais du fait qu’on
est en formation continue, cela implique que ces étudiants fassent des efforts
d’organisation dans leur environnement personnel afin de poursuivre leurs
études. Ce qui induit que cette activité à certains égards n’est pas plaisante bien
que l’étudiant ne soit pas forcé à la suivre, il en ressent une certaine
contrainte par le fait de ne pas choisir ses moments d’apprentissages, et que ce
temps vient s’ajouter à ses vies professionnelle et personnelle (puisque la 2ème
dimension est la motivation extrinsèque par régulation identifiée). Enfin,
l’obtention du diplôme reste importante dans la motivation du cadre (3ème
dimension la plus forte, qui est la motivation extrinsèque à régulation
externe).
Après avoir
essayé de voir, si le cadre était autodéterminé ou pas, et de comprendre
quelles sont les motivations qui l’invitaient à suivre une formation. Nous
allons essayer de voir maintenant, l’impact du coût et des matières non
appréciées sur l’autodétermination.
3.3.3 Positionnement
de la motivation selon le thème
L’un des autres
objectifs de notre étude, est de comprendre le comportement du cadre face au
coût de la formation et face à des matières non appréciées.
Ici, comme il
n’y avait qu’une question, par dimension, nous avons calculé la moyenne de
chaque question. Il en ressort, ici aussi, comme pour le questionnaire global, deux
dimensions plus importantes en valeurs que les autres :
Tabl. 9 Moyennes pour chaque dimension selon
le thème
MOTIVATION |
Coût sur formation EN COURS |
N |
Coût sur formation A VENIR |
N |
Matières non appréciées |
N |
MIC |
3.99 |
111 |
3.52 |
75 |
3.17 |
106 |
MIA |
3.23 |
109 |
3.07 |
75 |
2.64 |
105 |
MIS |
2.86 |
110 |
3.01 |
74 |
3.25 |
104 |
MIDEN |
4.04 |
111 |
3.61 |
75 |
2.82 |
105 |
MINTR |
2.40 |
110 |
3.15 |
75 |
2.62 |
103 |
MREG |
3.49 |
111 |
3.00 |
75 |
2.65 |
105 |
AMO |
0.68 |
110 |
- |
|
1.32 |
103 |
Les effectifs
entre coût en-cours et coût à venir sont différentes en valeur, cela est dû au
fait que les étudiants ne souhaitant pas poursuivre d’études ne devaient pas
répondre à la partie coût à venir du questionnaire, et de ce fait, ceux-là ne
pouvaient être amotiver à la poursuite d’études, ce qui explique que cette
dimension n’a pas été traitée dans cette partie du questionnaire.
Il apparaîtrait
que pour les thèmes basés sur : le coût à la formation en-cours et le coût
pour une formation à venir, ils ont la même tendance au niveau des dimensions. Puisque
les deux dimensions qui ont les moyennes les plus importantes sont les mêmes ;
et de plus, on retrouve les mêmes dimensions que pour le questionnaire global
ou le questionnaire basé sur les items de Vallerand et al..
Tandis que pour
le thème des matières non appréciées, on retrouve deux dimensions du pôle
intrinsèque qui ont les plus fortes moyennes, avec une amotivation qui a quasi
doublée par rapport à nos autres résultats.
Là aussi, nous
avons nos résultats qui sont supérieurs à la borne centrale, de ce fait, nous
avons voulu vérifier par l’index global de motivation (IGM) à quel niveau de
l’autodétermination on se positionnait, pour savoir si ces thèmes choisis
développaient ou réduisaient l’autodétermination du cadre en apprentissage.
Afin, d’en analyser leur impact sur la motivation. Au niveau de cette étude
unidimensionnelle de l’autodétermination, il apparaitrait que le coût a un
impact positif sur l’autodétermination. On peut même dire qu’en valeur l’IGM
est plus important que celui basé uniquement sur le questionnaire de Vallerand
et al.. Tandis que pour les matières non appréciées, bien que l’IGM est
positif, il réduirait l’autodétermination des cadres, ce qui explique que
lorsqu’on passe de l’IMG basé sur le questionnaire de Vallerand et al. (moyenne
de 6.23) au questionnaire global, celui-ci est moins important avec une moyenne
de 5.79.
Tabl. 10 Index Global de Motivation selon les
thèmes
|
Index Global de Motivation
(Échelle de l’IGM, variation de -18 à +18) |
Questionnaire Vallerand et al. |
+ 6.23 |
Questionnaire Global |
+ 5.79 |
Questionnaire Coût Formation en-cours |
+ 6.45 |
Questionnaire Coût Formation à venir |
+ 6.63 |
Questionnaire Matières Non Appréciées |
+ 3.58 |
Afin de mieux
distinguer le type de motivation, nous revenons sur une analyse
multidimensionnelle. En tenant compte des dimensions qui ont les moyennes les
plus importantes.
Pour l’impact
du coût sur la motivation, on peut dire que la première dimension est la motivation
extrinsèque à régulation identifiée (voir le tableau 9), qui est celle qui
se rapproche le plus de la motivation intrinsèque. Celle-ci démontre que
l’individu poursuit sa formation d’une manière stratégique pour bénéficier des
résultats à long terme, tout en ayant à l’esprit qu’il l’a fait, par choix et
donc non par pression personnelle (ME à régulation introjectée) ou par pression
d’autrui (ME à régulation externe) ; ces 2 dernières dimensions à la
motivation extrinsèque peuvent être qualifiées de non-autodéterminé, tandis que
celle que nous avons analysée (ME à régulation identifiée) est considérée comme
autodéterminée. On peut rapprocher ce résultat a notre analyse sur le
financement des études où nous constations que plus de 56 % des étudiants n’ont
pas demandé d’aide financière à leurs parents ; et que dans ces 56 %, plus
de 71 % d’entre eux, ont autofinancé leurs études. Ce qui peut renforcer cet
aspect d’autodétermination de l’étudiant. On voit bien là, que la formation a
été faite par choix, et celle-ci a été planifiée de longue date car pour
arriver à autofinancer des études aussi élevées dans un pays encore considéré
comme sous-développé économiquement, démontrent une volonté et une projection
vers l’avenir consciente de l’étudiant dans ses choix.
Puis on a en
deuxième position, toujours pour l’impact du coût sur la motivation, la motivation
intrinsèque à la connaissance où l’étudiant a fait le choix pour la
satisfaction et le plaisir d’être en train d’apprendre et d’explorer de
nouvelles choses.
On peut en
conclure pour cette partie, que l’impact du coût sur la motivation apparaît comme
contradictoire au regard de l’étude, du fait que l’apprenant viendrait en
formation de manière à bénéficier de résultats à long terme, sans plaisir réel
d’y aller, mais avec une volonté personnelle de la suivre tout en y prenant du
plaisir. Cette contradiction peut s’expliquer par le fait contextuel de la
formation qui reste quelque chose de très structuré avec ses obligations :
telles que les horaires, se déplacer pour y aller... Et par le fait
situationnel, dans l’idée que l’apprenant au moment même où il se retrouve en formation,
l’étudiant est content car il apprend des choses.
Pour les
matières non appréciées, on retrouve en première position la motivation
intrinsèque à la stimulation qui représente le fait que l’étudiant suit la
formation parce qu’elle lui apporte des ressentis plaisants d’excitation,
d’amusements et de plaisirs sensoriels. On retrouve ici, cet aspect du conflit
cognitif, où l’intérêt est créé par la curiosité de matières males connues par l’apprenant.
Car en étudiant des matières qu’il n’apprécie pas, l’étudiant par la suite peut
prendre conscience de l’intérêt de ces matières lorsqu’il les comprend mieux,
et développer de ce fait, une certaine stimulation à leur apprentissage.
On trouve pour
ces matières non appréciées, en deuxième position, la motivation intrinsèque à
la connaissance où le cadre prend du plaisir à apprendre. Pour ce thème, on
voit que ces deux dimensions vont dans le même sens puisqu’ils font partie du
même pôle intrinsèque. De plus, le thème renforce ce plaisir d’apprentissage,
car l’apprenant développe une capacité supplémentaire pour apprendre face à des
matières qu’il juge non intéressantes. Ce qui démontre l’engagement, voir
l’intensité de la motivation de l’étudiant dans sa volonté d’apprentissage.
Cette motivation intrinsèque est confirmée par le fait que plus de 70 % des
étudiants ne demandent aucune aide extérieure pour travailler ces matières non
appréciées. Et voir même, 64 % des étudiants développent un effort
supplémentaire pour mieux comprendre ces matières, et ceci dans un
environnement qui interagit et qui demande beaucoup de temps, puisque
l’étudiant est au cœur de 3 microsystèmes (vie familiale, travail et
formation).
En conclusion
générale, on peut dire que l’apprenant vient en formation d’une manière tout à
fait autodéterminé et par choix volontaire de sa part, pour apprendre de
nouvelles choses avec néanmoins une contrainte dira-t-on structurelle, du fait
qu’il ne choisit pas les moments spécifiques de suivre la formation mais qu’ils
lui sont imposé.
Pour
l’établissement de formation, on voit que le coût a un impact favorable sur la
motivation, à travers le fait, qu’il développe l’autodétermination de
l’apprenant. Tandis que les matières non appréciées, bien que celles-ci soient
positives au niveau de l’autodétermination, pourraient être améliorées dans
leur présentation. Il apparait qu’on pourrait mieux les insérer dans le projet
éducatif de l’apprenant. Puisque celui-ci présente néanmoins, à travers elles,
une motivation intrinsèque importante selon nos résultats. Par conséquent, on
devrait les présenter spécifiquement dans un panel de choix de différentes
matières qui traitent du même sujet, pour laisser à l’apprenant le choix de ces
matières non appréciées, afin d’en développer son autodétermination et par là,
sa réussite. De plus, nous invitons les équipes pédagogiques à les présenter
plus spécifiquement dans leur aspect de stimulation que peuvent apporter ces
matières, pour développer cette dynamique qu’on retrouve dans nos résultats et
afin de valoriser ces matières.
3.2.4 Les hypothèses selon
les variables socioéconomiques
Comme on l’a vu,
différents types de motivation peuvent être misent en relief pour le
déclenchement du comportement du cadre dans son souhait de suivre une formation.
Celles-ci peuvent être repérées et classées en fonction de leur degré
d’autodétermination, à travers les moyennes qu’on a obtenu.
Si la
motivation autodéterminée améliore l’implication des cadres en formation, la
question d’analyse est de savoir comment catalyser cette formation de
motivation. Comme on l’a vu dans notre introduction, les chercheurs apportent
des réponses à cette question en octroyant aux facteurs sociaux une influence
considérable. D’où l’intérêt de notre étude sur deux facteurs sociaux qui sont
la CSP et le niveau d’études des parents. Afin de savoir si dans ce contexte,
ces facteurs sont toujours un fort catalyseur de l’autodétermination.
Pour cela, nous
avons effectué une analyse de la variance multivariée (ANOVA) pour voir s’il
existe des différences de moyennes sur les variables de l’étude entre la CSP de
parents (coût à la formation en-cours ou coût à la formation à venir). Afin de savoir
si, à ce niveau d’études de Master, les parents à travers leurs ressources
financières influent sur la motivation de leurs enfants au niveau du coût de la
formation en-cours ou à venir. Cette analyse est intéressante, car elle est
portée sur des étudiants en formation continue, qui pour la plupart travaillent
et dont le projet de formation est autodéterminé, c’est-à-dire souhaité
personnellement. De ce fait, nous voulions savoir si le fait de savoir qu’on a
des parents avec des ressources plus ou moins importants et sans que ceux-ci
interviennent dans le financement de la formation dans un premier temps,
apportait néanmoins une assurance, à l’apprenant, en cas de problèmes
financiers et permettait de ce fait, de s’autofinancer plus facilement car les
parents seraient là en cas de coup dur financier ? C’est pourquoi, nous
trouverons ci-après des données statistiques pour voire si la CSP du père ou de
la mère a une influence sur le coût de la formation en-cours ou à venir (donc 4
tableaux).
Puis nous
verrons sous un autre plan, toujours à travers une analyse de la variance
multivariée (ANOVA), si les différentes motivations basées sur les matières non
appréciées sont-elles influencées par le niveau d’études des parents, dans l’hypothèse
que les étudiants qui ont des parents très diplômés, seraient plus motivés à
les travailler ?
Tabl. 11 CSP Père et Coût de la Formation EN
COURS
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
AMO |
|||||||||||||||||||||
C. S. P. Père |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Agriculteurs |
1 |
4 |
0.718 |
0.657 |
1 |
3 |
0.630 |
0.73 |
1 |
1 |
1.524 |
0.171 |
1 |
4 |
0.647 |
0.716 |
1 |
3 |
0.664 |
0.702 |
1 |
3 |
1.552 |
0.162 |
1 |
1 |
0.548 |
0.795 |
Commerçants |
16 |
4 |
16 |
3.44 |
16 |
3.19 |
16 |
3.94 |
16 |
2.56 |
16 |
3.56 |
16 |
0.31 |
||||||||||||||
Cadres, |
26 |
4.12 |
24 |
3.67 |
26 |
3.35 |
26 |
4.19 |
25 |
2.96 |
26 |
4.04 |
26 |
0.88 |
||||||||||||||
Intermédiaires |
10 |
4.3 |
10 |
3.4 |
10 |
3.5 |
10 |
4.2 |
10 |
2.3 |
10 |
3.7 |
10 |
1 |
||||||||||||||
Employés |
3 |
4.33 |
3 |
3.33 |
3 |
1.67 |
3 |
3.67 |
3 |
2.33 |
3 |
3 |
3 |
0 |
||||||||||||||
Ouvriers |
3 |
3 |
3 |
3 |
3 |
2.67 |
3 |
3 |
3 |
2 |
3 |
1.67 |
3 |
1 |
||||||||||||||
Retraités |
22 |
3.73 |
22 |
2.86 |
22 |
2.5 |
22 |
4.05 |
22 |
2.32 |
22 |
3.23 |
22 |
0.55 |
||||||||||||||
Sans activité |
5 |
4 |
5 |
3.2 |
5 |
3.6 |
5 |
4.2 |
5 |
1.4 |
5 |
2.8 |
5 |
1.2 |
||||||||||||||
Total |
86 |
3.98 |
84 |
3.31 |
86 |
3.02 |
86 |
4.05 |
85 |
2.49 |
86 |
3.50 |
86 |
0.70 |
Tabl. 12 CSP Mère et Coût de la Formation EN COURS
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
AMO |
|||||||||||||||||||||
C. S. P. Mère |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Agriculteurs |
0 |
|
0.888 |
0.493 |
|
|
0.642 |
0.669 |
0 |
|
2.893 |
0.018* |
0 |
|
1.511 |
0.195 |
|
|
0.659 |
0.655 |
0 |
|
1.053 |
0.392 |
0 |
|
1.773 |
0.127 |
Commerçants |
2 |
4 |
2 |
3 |
2 |
4 |
2 |
4 |
2 |
3.5 |
2 |
4.5 |
2 |
2.5 |
||||||||||||||
Cadres, |
8 |
3.75 |
8 |
3.38 |
8 |
2.75 |
8 |
4 |
8 |
2.13 |
8 |
4.25 |
8 |
1.63 |
||||||||||||||
Intermédiaires |
12 |
4.33 |
12 |
3.75 |
12 |
4.08 |
12 |
4.42 |
12 |
2.58 |
12 |
3.92 |
12 |
0.83 |
||||||||||||||
Employés |
4 |
3.75 |
4 |
2.75 |
4 |
1.75 |
4 |
3.25 |
4 |
1.25 |
4 |
3.25 |
4 |
0 |
||||||||||||||
Ouvriers |
0 |
|
|
|
0 |
|
0 |
|
|
|
0 |
|
0 |
|
||||||||||||||
Retraités |
6 |
3.17 |
6 |
2.67 |
6 |
2 |
6 |
3.17 |
6 |
2.5 |
6 |
3 |
6 |
0.5 |
||||||||||||||
Sans activité |
59 |
3.98 |
57 |
3.30 |
59 |
3 |
59 |
4.05 |
58 |
2.52 |
59 |
3.32 |
59 |
0.56 |
||||||||||||||
Total |
91 |
3.95 |
89 |
3.29 |
91 |
3.02 |
91 |
4.00 |
90 |
2.46 |
91 |
3.48 |
91 |
0.70 |
*est significatif au niveau 0.05 et **est
significatif au niveau 0.10.
N=
Effectif ; M=Moyenne ; F= Variance; S=niveau de Signification.
Tabl. 13 CSP Père et Coût de la Formation à
VENIR
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
||||||||||||||||||
C. S. P. Père |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Agriculteurs |
1 |
4 |
1.759 |
0.118 |
1 |
3 |
1.450 |
0.208 |
1 |
0 |
1.718 |
0.127 |
1 |
4 |
1.097 |
0.381 |
1 |
3 |
1.131 |
0.360 |
1 |
4 |
0.772 |
0.614 |
Commerçants |
9 |
3.89 |
9 |
3.11 |
9 |
3.56 |
9 |
3.22 |
9 |
3.33 |
9 |
2.44 |
||||||||||||
Cadres, |
19 |
4.16 |
19 |
3.74 |
19 |
3.58 |
19 |
4.21 |
19 |
3.74 |
19 |
3.53 |
||||||||||||
Intermédiaires |
7 |
4.29 |
7 |
3.71 |
7 |
3.86 |
7 |
4.14 |
7 |
3.43 |
7 |
3.71 |
||||||||||||
Employés |
3 |
2.67 |
3 |
3.33 |
3 |
3 |
3 |
3.33 |
3 |
2.67 |
3 |
2.67 |
||||||||||||
Ouvriers |
2 |
3.50 |
2 |
2.5 |
2 |
3.5 |
2 |
4 |
2 |
2.50 |
2 |
4 |
||||||||||||
Retraités |
11 |
2.73 |
11 |
2 |
11 |
2.27 |
11 |
3.36 |
11 |
2.27 |
11 |
2.64 |
||||||||||||
Sans activité |
4 |
3.25 |
4 |
2.75 |
4 |
3.75 |
4 |
3.50 |
4 |
2.75 |
4 |
3 |
||||||||||||
Total |
56 |
3.68 |
56 |
3.14 |
56 |
3.27 |
56 |
3.77 |
56 |
3.16 |
56 |
3.14 |
Tabl. 14 CSP Mère et Coût de la Formation à VENIR
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
||||||||||||||||||
C. S. P. Mère |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Agriculteurs |
0 |
|
2.461 |
0.044* |
0 |
|
1.512 |
0.201 |
0 |
|
2.157 |
0.072** |
0 |
|
1.038 |
0.405 |
0 |
|
2.559 |
0.038* |
0 |
|
0.549 |
0.738 |
Commerçants |
1 |
4 |
1 |
5 |
1 |
5 |
1 |
4 |
1 |
5 |
1 |
4 |
||||||||||||
Cadres, |
6 |
3.5 |
6 |
3 |
6 |
2.83 |
6 |
3.83 |
6 |
2.67 |
6 |
3.17 |
||||||||||||
Intermédiaires |
10 |
4.6 |
10 |
3.6 |
10 |
4.2 |
10 |
4.30 |
10 |
3.70 |
10 |
3.3 |
||||||||||||
Employés |
4 |
2.25 |
4 |
3 |
4 |
2.75 |
4 |
3.75 |
4 |
1.50 |
4 |
3 |
||||||||||||
Ouvriers |
0 |
|
0 |
|
0 |
|
0 |
|
0 |
|
0 |
|
||||||||||||
Retraités |
3 |
2.33 |
3 |
1 |
3 |
1.33 |
3 |
2.67 |
3 |
1.67 |
3 |
1.67 |
||||||||||||
Sans activité |
36 |
3.56 |
36 |
3.19 |
36 |
3.06 |
36 |
3.53 |
36 |
3.25 |
36 |
3.19 |
||||||||||||
Total |
60 |
3.58 |
60 |
3.15 |
60 |
3.15 |
60 |
3.67 |
60 |
3.10 |
60 |
3.13 |
*est significatif au niveau 0.05 et **est
significatif au niveau 0.10.
Tabl.
15 Comparaisons multiples V32
MI STIMULATION CSP MERE ET CT FORMATION EN COURS LSD
I |
J |
Diff.moy.
(I-J) |
Erreur
standard |
Signifi. |
Intervalle de
confiance à 95% |
|
Borne inférieure |
Borne supérieure |
|||||
Artisans, Commerçants, Patrons -10 salariés |
Cadres, Prof. Sup. |
1,250 |
1,115 |
,266 |
-,97 |
3,47 |
Prof. intermédiaires |
-,083 |
1,077 |
,939 |
-2,23 |
2,06 |
|
Employés |
2,250 |
1,222 |
,069 |
-,18 |
4,68 |
|
Retraités |
2,000 |
1,152 |
,086 |
-,29 |
4,29 |
|
Sans activité |
1,000 |
1,014 |
,327 |
-1,02 |
3,02 |
|
Cadres, Prof. supérieures |
Artisans,
Commer. |
-1,250 |
1,115 |
,266 |
-3,47 |
,97 |
Prof. intermédiaires |
-1,333* |
,644 |
,041 |
-2,61 |
-,05 |
|
Employés |
1,000 |
,864 |
,250 |
-,72 |
2,72 |
|
Retraités |
,750 |
,762 |
,328 |
-,76 |
2,26 |
|
Sans activité |
-,250 |
,532 |
,639 |
-1,31 |
,81 |
|
Professions intermédiaires |
Artisans,
Commer. |
,083 |
1,077 |
,939 |
-2,06 |
2,23 |
Cadres,
Prof. Sup. |
1,333* |
,644 |
,041 |
,05 |
2,61 |
|
Employés |
2,333* |
,814 |
,005 |
,71 |
3,95 |
|
Retraités |
2,083* |
,705 |
,004 |
,68 |
3,49 |
|
Sans activité |
1,083* |
,447 |
,017 |
,20 |
1,97 |
|
Employés |
Artisans,
Commer. |
-2,250 |
1,222 |
,069 |
-4,68 |
,18 |
Cadres,
Prof. Sup. |
-1,000 |
,864 |
,250 |
-2,72 |
,72 |
|
Prof.
intermédiaires |
-2,333* |
,814 |
,005 |
-3,95 |
-,71 |
|
Retraités |
-,250 |
,911 |
,784 |
-2,06 |
1,56 |
|
Sans activité |
-1,250 |
,729 |
,090 |
-2,70 |
,20 |
|
Retraités |
Artisans,
Commer. |
-2,000 |
1,152 |
,086 |
-4,29 |
,29 |
Cadres,
Prof. Sup. |
-,750 |
,762 |
,328 |
-2,26 |
,76 |
|
Prof.
intermédiaires |
-2,083* |
,705 |
,004 |
-3,49 |
-,68 |
|
Employés |
,250 |
,911 |
,784 |
-1,56 |
2,06 |
|
Sans
activité |
-1,000 |
,605 |
,102 |
-2,20 |
,20 |
|
Sans activité |
Artisans,
Commer. |
-1,000 |
1,014 |
,327 |
-3,02 |
1,02 |
Cadres,
Prof. Sup. |
,250 |
,532 |
,639 |
-,81 |
1,31 |
|
Prof.
intermédiaires |
-1,083* |
,447 |
,017 |
-1,97 |
-,20 |
|
Employés |
1,250 |
,729 |
,090 |
-,20 |
2,70 |
|
Retraités |
1,000 |
,605 |
,102 |
-,20 |
2,20 |
*. La différence moyenne est significative au niveau
0.05.
L’impact du
coût sur la formation en-cours n’est pas influencé par la CSP des parents, sauf
lorsque la mère fait partie de la catégorie socioprofessionnelle des
professions intermédiaires (voir tableau ci-dessus n°15). Pour cette catégorie des
professions intermédiaires, la motivation intrinsèque à la stimulation serait
beaucoup plus importante que pour les autres catégories socioprofessionnelles
de cette même dimension (MIS).
Tandis qu’au
niveau de la formation à venir, on retrouve aussi une influence de la CSP de la
mère comme pour la formation en cours, mais cette fois beaucoup plus marquée.
Puisque 3 dimensions sur 6, sont influencées par la CSP de la mère, la
motivation intrinsèque à la connaissance (significative), la motivation
intrinsèque à la stimulation (tendance significative) et la motivation
extrinsèque introjectée (significative). Mais les tests post hoc n’ont pas pu être effectués pour ces 3 dimensions
car pour chacune, au moins un groupe possède moins de deux observations. Néanmoins,
dans ces 3 dimensions on peut voire que la CSP des professions intermédiaires a
la plus forte moyenne en règle générale, vue l’effectif.
En conclusion,
la CSP des parents n’influence pas vraiment la motivation au niveau du coût,
avec une exception, pour les mères qui font partie de la catégorie
socioprofessionnelle des professions intermédiaires. On remarquera, de plus,
que les étudiants ont soient égalisés ou dépassés le niveau de leurs parents,
ce qui expliquerait que la classe sociale ne jouerait plus au niveau Master.
Le comportement
comme on a pu le voir dans la Théorie de l’autodétermination émane du besoin de
compétence. Celui-ci peut-être apprécié quand le cadre recherche et persiste
face à des matières qu’il n’apprécie pas et dont la difficulté ne doit pas non
plus aller au-delà de ses capacités.
De ce fait, on
va essayer de mieux comprendre par l’analyse des tests statistiques, si le
niveau d’études des parents peut influer sur le comportement de l’étudiant quand
il est face à des matières qu’il n’apprécie pas (voire les 2 tableaux
ci-dessous).
Tabl. 16 Niveau d’études Père et Matières Non
Appréciées
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
AMO |
|||||||||||||||||||||
Niveau d’études Père |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Sans diplôme |
13 |
3.15 |
1.536 |
0.212 |
13 |
2.46 |
1.647 |
0.186 |
13 |
3.23 |
0.815 |
0.490 |
13 |
2.38 |
1.566 |
0.205 |
13 |
2.15 |
1.98 |
0.125 |
13 |
1.92 |
2.325 |
0.082** |
13 |
1 |
1.629 |
0.190 |
Baccalauréat |
12 |
3.75 |
12 |
3.50 |
12 |
3.83 |
12 |
3.50 |
12 |
3 |
12 |
3.33 |
12 |
1.08 |
||||||||||||||
Jusqu’à
Bac + 3 |
27 |
2.93 |
27 |
2.78 |
27 |
3.22 |
27 |
3.04 |
27 |
3.15 |
26 |
2.42 |
27 |
1.07 |
||||||||||||||
Supérieur à Bac + 3 |
26 |
3.58 |
25 |
2.56 |
25 |
3.28 |
26 |
3.04 |
24 |
2.67 |
25 |
3.04 |
25 |
1.88 |
||||||||||||||
Total |
78 |
3.31 |
77 |
2.77 |
77 |
3.34 |
78 |
3.00 |
76 |
2.80 |
76 |
2.68 |
77 |
1.32 |
*est significatif au niveau 0.05 et **est
significatif au niveau 0.10.
Tabl. 17 Niveau d’études Mère et Matières Non
Appréciées
|
MIC |
MIA |
MIS |
MIDEN |
MINTR |
MREG |
AMO |
|||||||||||||||||||||
Niveau d’études Mère |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
N |
M |
F |
S |
Sans diplôme |
27 |
3.37 |
0.326 |
0.807 |
27 |
2.74 |
0.120 |
0.948 |
27 |
3.41 |
0.636 |
0.594 |
27 |
2.74 |
1.498 |
0.222 |
27 |
2.41 |
3.400 |
0.022* |
26 |
2.5 |
0.525 |
0.666 |
27 |
1.19 |
2.517 |
0.064** |
Baccalauréat |
25 |
3.08 |
25 |
2.96 |
25 |
3.52 |
25 |
3.08 |
25 |
3.16 |
24 |
2.63 |
25 |
1.44 |
||||||||||||||
Jusqu’à
Bac + 3 |
20 |
3.45 |
20 |
2.80 |
20 |
3.30 |
20 |
3.40 |
20 |
3.35 |
20 |
2.85 |
20 |
1.15 |
||||||||||||||
Supérieur à Bac + 3 |
10 |
3.20 |
9 |
2.78 |
9 |
2.89 |
10 |
2.50 |
8 |
2.25 |
10 |
3.20 |
9 |
2.67 |
||||||||||||||
Total |
82 |
3.28 |
81 |
2.83 |
81 |
3.36 |
82 |
2.98 |
80 |
2.86 |
80 |
2.71 |
81 |
1.42 |
*est significatif au niveau 0.05 et **est
significatif au niveau 0.10.
Au niveau des
matières non appréciées et le niveau d’études des pères, l’analyse de nos
données montre une valeur à tendance significative pour la dimension de la Motivation
Extrinsèque à Régulation Externe. Les étudiants qui ont un père non diplômé ont
en moyenne une Motivation Extrinsèque à Régulation Externe de 1.92,
comparativement à 3.33 pour ceux qui ont un père qui a le Bac ; 2.42 pour
ceux qui ont un père qui est diplômé jusqu’à Bac + 3 et 3.04 pour ceux qui ont
un père dont le diplôme est supérieur à Bac + 3. La différence entre ces 4
groupes est donc significative (F=2.352 ; ddl=75 ; p=0.082). On peut
donc en conclure que le niveau d’études du père peut influencer la Motivation
Extrinsèque à Régulation Externe. Et afin de mieux comprendre l’impact du
niveau d’études du père sur la Motivation Extrinsèque à Régulation Externe,
nous procéderons à un test post-hoc pour savoir laquelle des comparaisons de
groupes, pris deux à deux, est significative.
Tabl. 18 Comparaisons multiples V44 ME REGULATION EXTERNE ET
NIVEAU ETUDES PERE S=0.082 LSD
I |
J |
Différence moyennes (I-J) |
Erreur standard |
Signification |
Intervalle de confiance à 95% |
|
Borne inférieure |
Borne supérieure |
|||||
Sans diplômes |
Baccalauréat |
-1,410* |
,635 |
,029 |
-2,68 |
-,15 |
Jusqu’à Bac+3 |
-,500 |
,538 |
,356 |
-1,57 |
,57 |
|
Supérieur à Bac+3 |
-1,117* |
,542 |
,043 |
-2,20 |
-,04 |
|
Bac |
Sans diplômes |
1,410* |
,635 |
,029 |
,15 |
2,68 |
Jusqu’à Bac+3 |
,910 |
,553 |
,104 |
-,19 |
2,01 |
|
Supérieur à Bac+3 |
,293 |
,557 |
,600 |
-,82 |
1,40 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
Sans diplômes |
,500 |
,538 |
,356 |
-,57 |
1,57 |
Baccalauréat |
-,910 |
,553 |
,104 |
-2,01 |
,19 |
|
Supérieur à Bac+3 |
-,617 |
,444 |
,169 |
-1,50 |
,27 |
|
Supérieur à Bac+3 |
Sans diplômes |
1,117* |
,542 |
,043 |
,04 |
2,20 |
Baccalauréat |
-,293 |
,557 |
,600 |
-1,40 |
,82 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
,617 |
,444 |
,169 |
-,27 |
1,50 |
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
On remarque que
c’est la catégorie des étudiants qui ont un père « sans diplôme », ces
étudiants ne voient pas l’intérêt de travailler ces matières qu’ils
n’apprécient pas, et ceci lorsqu’ils ne visent principalement que l’obtention
du diplôme (la moyenne = 1.92 sur 5, par rapport à notre échelle de Lickert).
D’où l’intérêt de se focaliser sur ces étudiants, dès le
début de leur formation et de mettre en place avec eux, un projet spécifique de
stimulation face à ces matières non appréciées.
Tandis que pour
le niveau d’études des mères, à travers l’analyse des données de la présente
recherche montre une valeur plus ou moins à tendance significative pour la
dimension de l’amotivation, celle-ci montre que les étudiants qui ont une mère
non diplômée ont en moyenne une Amotivation de 1.19, comparativement à 1.44
pour ceux qui ont une mère qui a le Bac ; 1.15 pour ceux qui ont une mère
qui est diplômée jusqu’à Bac + 3 et 2.67 pour ceux qui ont une mère dont le
diplôme est supérieur à Bac + 3. La différence entre ces 4 groupes est donc de
tendance significative (F=2.517 ; ddl = 80 ; p=0.064). On peut donc
en conclure que le niveau d’études de la mère influence l’amotivation. Et afin
de mieux comprendre l’impact du niveau d’études sur l’amotivation, nous
procéderons à un test post-hoc pour savoir laquelle des comparaisons de
groupes, pris deux à deux, est significative.
Tabl.
19 Comparaisons multiples V48 AMOTIVATION ETUDES MERE S=0.064 LSD
I |
J |
Différence moyennes (I-J) |
Erreur standard |
Signification |
Intervalle de confiance à 95% |
|
Borne inférieure |
Borne supérieure |
|||||
Sans diplômes |
Baccalauréat |
-,255 |
,416 |
,542 |
-1,08 |
,57 |
Jusqu’à Bac+3 |
,035 |
,442 |
,937 |
-,84 |
,92 |
|
Supérieur à Bac+3 |
-1,481* |
,577 |
,012 |
-2,63 |
-,33 |
|
Bac |
Sans diplômes |
,255 |
,416 |
,542 |
-,57 |
1,08 |
Jusqu’à Bac+3 |
,290 |
,449 |
,521 |
-,60 |
1,18 |
|
Supérieur à Bac+3 |
-1,227* |
,582 |
,038 |
-2,39 |
-,07 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
Sans diplômes |
-,035 |
,442 |
,937 |
-,92 |
,84 |
Baccalauréat |
-,290 |
,449 |
,521 |
-1,18 |
,60 |
|
Supérieur à Bac+3 |
-1,517* |
,601 |
,014 |
-2,71 |
-,32 |
|
Supérieur à Bac+3 |
Sans diplômes |
1,481* |
,577 |
,012 |
,33 |
2,63 |
Baccalauréat |
1,227* |
,582 |
,038 |
,07 |
2,39 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
1,517* |
,601 |
,014 |
,32 |
2,71 |
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
On remarque que les étudiants qui ont une mère qui a un
niveau de bac+3, sont beaucoup plus facilement amotivés que les autres
étudiants. Comme pour les étudiants qui ont un père « sans
diplômes », on devrait les regrouper pour les stimuler face à ces matières
non appréciées, et ceci afin de réduire leur amotivation.
Enfin, l’analyse
des données de la présente recherche montre une valeur à tendance significative
aussi pour la dimension MINTR, que les étudiants qui ont une mère non diplômée
ont en moyenne une Motivation Extrinsèque Introjectée de 2.41, comparativement
à 3.16 pour ceux qui ont une mère qui a le Bac ; 3.35 pour ceux qui ont
une mère qui est diplômée jusqu’à Bac + 3 et 2.25 pour ceux qui ont une mère
dont le diplôme est supérieur à Bac + 3. La différence entre ces 4 groupes est
donc de tendance significative (F=3.400 ; ddl = 79 ; p=0.022). On
peut donc en conclure que le niveau d’études de la mère influence la Motivation
Extrinsèque Introjectée. Et afin de mieux comprendre l’impact du niveau
d’études sur la Motivation Extrinsèque Introjectée, nous procéderons à un test
post-hoc pour savoir laquelle des comparaisons de groupes, pris deux à deux,
est significative.
Tabl.
20 Comparaisons multiples V50 ME INTROJECTEE ETUDES MERE. S=0.022 LSD
I |
J |
Différence moyennes (I-J) |
Erreur standard |
Signification |
Intervalle de confiance à 95% |
|
Borne inférieure |
Borne supérieure |
|||||
Sans diplômes |
Baccalauréat |
-,753* |
,343 |
,031 |
-1,44 |
-,07 |
Jusqu’à Bac+3 |
-,943* |
,364 |
,012 |
-1,67 |
-,22 |
|
Supérieur à Bac+3 |
,157 |
,497 |
,752 |
-,83 |
1,15 |
|
Bac |
Sans diplômes |
,753* |
,343 |
,031 |
,07 |
1,44 |
Jusqu’à Bac+3 |
-,190 |
,371 |
,610 |
-,93 |
,55 |
|
Supérieur à Bac+3 |
,910 |
,502 |
,074 |
-,09 |
1,91 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
Sans diplômes |
,943* |
,364 |
,012 |
,22 |
1,67 |
Baccalauréat |
,190 |
,371 |
,610 |
-,55 |
,93 |
|
Supérieur à Bac+3 |
1,100* |
,517 |
,036 |
,07 |
2,13 |
|
Supérieur à Bac+3 |
Sans diplômes |
-,157 |
,497 |
,752 |
-1,15 |
,83 |
Baccalauréat |
-,910 |
,502 |
,074 |
-1,91 |
,09 |
|
Jusqu’à Bac+3 |
-1,100* |
,517 |
,036 |
-2,13 |
-,07 |
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
On remarque que
la moyenne pour les étudiants qui ont des mères sans diplômes est de 2.41, leur
motivation extrinsèque introjectée est différente de ceux qui ont des mères de
niveau bac ou jusqu’à bac+3, et a la même tendance que ceux qui ont des mères
de niveau supérieur à bac+3. Ici, la motivation extrinsèque introjectée a pour
moyenne la plus basse 2.41, on est proche de la borne centrale de 2.5 de notre échelle
de Lickert qui va de 0 à 5. Nous invitons donc à ne pas prendre de dispositions spécifiques,
suite à cette analyse.
3.4 Discussion
Le but de la recherche réalisée dans cette étude consistait à mieux
comprendre la motivation des cadres allant en formation continue. Pour cela,
nous avons choisi comme contexte d’étude, l’université privée Mundiapolis qui
est à Casablanca (Maroc). La plupart des étudiants de cette université sont des
cadres en poste, qui ont envie de booster leur carrière. Dans notre population
d’étude qui est formé de 111 étudiants, on retrouve cette forte majorité de
cadres, et les autres, sont des étudiants qui ne travaillent pas. Cette
population est formée à 51 % de femmes et à 49 % d’hommes, l’âge moyen est de
27 ans.
Afin de mieux comprendre la motivation des cadres en formation, on s’est
positionné sur la théorie de l’autodétermination car elle se base sur une
analyse multidimensionnelle du comportement motivationnel de l’individu.
La formation continue de Mundiapolis est payante et son coût varie entre
5 000 et 7 000 euros par année de formation. Il est à rappeler que le
Maroc est considéré comme un pays en voie de développement et que ce coût de
formation est quasiment le même que pour des étudiants en écoles de commerce
réputées en France. D’où notre questionnement sur l’implication de ce coût sur
la motivation des cadres en formation. C’est pourquoi, nous avons souhaité
l’étudier en tant qu’objectif exploratoire.
Puis suite à nos premiers entretiens pour cette étude, un second objectif
exploratoire est apparu, qui est basé sur le comportement de l’étudiant face à
des matières qu’il n’apprécie pas. On a trouvé intéressant de l’étudier car il
y a une incompréhension dans l’intérêt de ces matières par les étudiants, mais
aussi, afin de donner des pistes à un établissement de formation pour motiver
ses apprenants sur ces matières non appréciées. En plus, la difficulté qu’apporte
l’étude de ces matières, rentrait tout à fait dans la théorie de
l’autodétermination dans l’aspect, entre autres, de persistance de l’étudiant
face à ses difficultés rencontrées. Pour préciser notre propos, nous voulions
savoir, quel type de motivation était la plus touchée par ces difficultés, mais
aussi, y avait il un apport motivationnel pour l’apprenant à persister dans
l’étude des ces matières, afin de mieux comprendre leurs impacts, pour pouvoir
développer des solutions à cette difficulté.
Par conséquent, notre plan motivationnel a été dans un premier temps de
comprendre quelle motivation a le cadre en formation continue. Puis dans un
deuxième temps, nous proposons l’étude de deux objectifs exploratoires, soit
que la motivation autodéterminée était associée positivement ou négativement au
coût de la formation et que la motivation autodéterminée était associée
positivement ou négativement à l’étude des matières non appréciées par
l’apprenant.
Pour cette étude, nous avons construit et valider un questionnaire, à
travers une nouvelle échelle de motivation pour les étudiants en formation qui
suivent une formation continue ayant un coût assez important. Pour cela, nous
avons adapté le questionnaire de Vallerand et al. sur l’éducation qui est basé
sur la théorie de l’autodétermination. Pour vérifier la validité de notre
questionnaire, nous avons fait une analyse de cohérence interne et une
vérification de la validité de notre continuum d’autodétermination par
l’analyse corrélationnelle de nos dimensions, selon l’approche faite de
Vallerand et al. en 1989 sur cet aspect là, cité par Blais (1993).
Les présents résultats sont encourageants sur le plan de la fidélité de
notre questionnaire. Puisque les résultats des analyses de cohérence interne
ont révélé des indices alpha de Cronbach bons, variant entre 0.681 à 0.802. En
règle générale, de bons indices sont dans une fourchette de 0.70 à 0.90, selon
le type d’étude. Moins bon sur le plan de la validité par rapport aux approches
de Vallerand et al. sur nos corrélations. Puisque nos résultats de corrélation
ont un coefficient de 0.30 entre l’amotivation et la MINTR quand celui-ci
devrait être égale à 0 ou être négatif. De même, pour un autre de nos
résultats, où le coefficient de corrélation entre MIA et MINTR est de 0.76, ce
qui est beaucoup trop important car ils ne font pas partie du même pôle de
motivations. Mais autrement, tous les autres coefficients de corrélations se
positionnent selon l’approche de Vallerand et al., ce qui nous a invité à
utiliser notre questionnaire.
Pour l’analyse de la motivation du cadre en formation, au niveau de nos
résultats sur la dimension qui ressortait le plus, il apparaissait qu’il n’y
avait pas uniquement une seule dimension qui se dégageait mais deux à trois. Ce
qui nous a interpelé, car on s’attendait à un résultat sous forme de simplexe motivationnel,
où une dimension se dégageait le plus des autres. D’où notre étude
corrélationnelle pour vérifier notre continuum (voir ci-dessus), qui a été
confirmée comme valide.
Nos résultats sur la motivation du cadre, se basaient sur un questionnaire
global où était réuni le questionnaire basé sur l’éducation de Vallerand et al.
et le questionnaire basé sur nos objectifs exploratoires (coût et matières non
appréciées). Toutes les dimensions avaient des moyennes qui dépassaient la
borne centrale de l’échelle sauf l’amotivation, ce qui est normale pour
l’amotivation. En fait, nous ne pouvions établir le niveau d’autodétermination
par rapport à ces résultats. De ce fait, on a cherché à savoir si le cadre
était autodéterminé ou non, à travers un outil que Vallerand a développé qui
est l’index global de motivation. Selon cet index, on obtiendrait une
autodétermination de 5.79 sur une échelle allant de -18 à +18, ce qui démontre
une assez bonne autodétermination du cadre en formation continue.
Puis, nous sommes revenus sur une analyse multidimensionnelle afin de mieux
cerner la motivation du cadre à travers nos sous-échelles qui sont nos
différentes dimensions. De plus, pour mieux analyser nos résultats, on s’est
appuyé sur l’analyse des chercheurs tels que Lin et al. (2003) et Covington et
Müeller (2001), qui stipulaient qu’avoir une motivation extrinsèque cela
n’allait pas l’encontre de la motivation intrinsèque. Par conséquent, nous
pouvons dire que le cadre n’a pas une, mais différentes motivations qui l’ont
invité à suivre une formation. Et il apparaît que les dimensions qui ressortent
le plus sont la MIC avec une moyenne de 3.73 sur 5, ce qui démontre le fort
intérêt cognitif du cadre pour sa formation, on a aussi une MIDEN de 3.70,
comme on le voit qui est quasi-égale à la MIC. Pour la MIDEN, cette dimension
précise pour ce contexte que le cadre a préparé son plan de formation depuis
quelque temps et qui le met enfin en action, on remarquera qu’ici le cadre est
toujours autodéterminé. Enfin, on a une Motivation Extrinsèque à Régulation
Externe, en 3ème position, ce qui démontre que le cadre vient en
formation aussi pour une raison externe, c’est à dire moins autodéterminé, qui
est la réussite d’un diplôme. On peut même tenir compte de la 4ème
dimension qui est la MIS avec 3.26 de moyenne, les autres sont sous la barre des
3 mais au-dessus de la borne centrale de 2.5, sauf pour l’amotivation. Nous
tenons à rappeler que la formation continue rentre dans 3 microsystèmes celui
de la famille, de la formation et du travail. Donc cette formation est très
difficile à entreprendre, puisqu’elle demande beaucoup de sacrifices.
Au niveau de nos objectifs exploratoires, le premier était basé sur
l’impact du coût sur la motivation. Nous avions scindé ce thème, en formation
en-cours et en formation à venir, pour savoir s’il y avait des nuances
temporelles à porter.
Il apparaitrait que soit pour la formation en-cours ou à venir, on
retrouverait les mêmes dimensions de motivations qui ressortent en premières.
La première dimension qui ressort est celle de la MIDEN avec une moyenne pour
la formation en-cours de 4.04 et de 3.61 pour la formation à venir. Puis en
deuxième position, on a la MIC avec 3.99 pour la formation en-cours et 3.52
pour la formation à venir. De ce fait, on peut dire que le coût, selon nos premières
dimensions qui ressortent, a invité l’apprenant à avoir une stratégie de
formation sur plusieurs années, afin d’aboutir à son envie de connaissances. En
3ème position, cela diffère au niveau des dimensions motivationnelles,
pour le thème de la formation en-cours, c’est la MREG avec une moyenne de 3.49
qui démontre que le cadre tend à la réussite du diplôme au niveau de sa
formation. Tandis que pour le thème basé sur le coût d’une formation à venir,
c’est le MINTR avec une moyenne de 3.15 qui tendrait à dire que la décision
n’est pas encore autodéterminée et comme cette formation est à venir, le cadre
n’aurait pas encore pris sa décision. Enfin, en quatrième position c’est le MIA
qui est au même niveau pour les 2 thèmes basés sur le coût, cette fois.
Pour notre deuxième objectif exploratoire qui est basé sur les matières non
appréciées, il apparait que 2 dimensions ressortent le plus, c’est la MIS avec
une moyenne de 3.25 et la MIC avec une moyenne de 3.17, toutes les autres
dimensions sont sous la barre des 3. On peut dire pour ce thème que les
matières non appréciées développe la curiosité et crée tout d’abord de la
stimulation pour le cadre qui les étudie, mais aussi cette curiosité apporte
une volonté d’apprendre, donc intéressante dans un contexte d’apprentissage.
Comme on l’a vu les facteurs sociaux peuvent être de forts catalyseurs pour
l’autodétermination, c’est pourquoi, nous avons essayé de voir si l’impact du
coût sur la motivation pouvait être influencé par la CSP des parents. Et aussi,
si le niveau d’études des parents pouvait influer sur le fait que les étudiants
travaillent les matières qu’ils n’apprécient pas. Selon nos résultats la CSP
des parents n’a en règle générale aucune influence sur l’impact du coût sur la
motivation. Tandis que pour les matières non appréciées, lorsque le père est
sans diplôme et que l’étudiant vise la réussite du diplôme prioritairement,
l’étudiant ne travaillerait pas assez ces matières, à l’inverse des autres
étudiants. Et il apparait aussi que lorsque la mère a un niveau bac+3,
l’étudiant serait plus enclin à être amotivé que les autres.
Pour conclure sur l’impact du coût sur la formation, nos résultats nous invitent
à dire que le coût a un fort impact sur la motivation. A travers les
différentes fortes moyennes qu’on a eues (4.04 et 3.99 sont les plus
importantes moyennes de tous nos résultats) et confirmé par le fort index global
de motivation qu’on a eu.
Pour l’interprétation des résultats de notre analyse quantitative sur les
matières non appréciées, celle-ci nous permet de comprendre qu’il devrait y avoir
une nouvelle orientation dans la relation étudiant-université. Ainsi,
l’université qui souhaite un bon rendement académique s’engagera à fournir tous
les outils de développement nécessaire à l’étudiant pour qu’il se rapproche de
leur projet personnel et de leurs besoins de compétences. Il ressort de notre
étude que la flexibilité offerte au point de vue des choix relatifs des matières non appréciées aurait une influence
positive car augmenterait le sentiment d’autonomie du cadre et donc son
rendement académique.
Par nos
entretiens et nos résultats, on a pu distinguer les circonstances qui ont
engagé l’étudiant en formation. Il apparaitrait que les étudiants ont un besoin
d’une forte autonomie dans leurs choix de vie qui ne retrouveraient pas dans
leur travail. Et de ce fait, ils voudraient changer de poste ou changer
d’entreprise, d’où leur volonté de faire une formation.
De nouvelles pistes d’études sont apparues. La première serait avant tout
de confirmer nos résultats sur l’impact du coût et des matières non appréciées
par l’étudiant et ceux-ci envers d’autres établissements supérieurs et d’autres
types de populations, comme ceux qui suivent une formation initiale avec un
coût élevé.
Une deuxième piste serait de tenir plus compte du contexte de formation et
de la projection sur la formation. On pourrait parler d’une motivation
situationnelle, c’est à dire pendant la formation et de motivation globale, ce
qu’elle nous apporte ou ce qu’on attend d’une formation.
La troisième piste qui aurait pu
être développés dans notre étude, est le fait de comparer les résultats par
rapport à la réussite aux examens. Mais nous n’avons pas pu le faire, dû à la
date de dépôt de notre étude.
Dans notre revue littéraire, on parle de l’influence de la mère sur la
fille, qu’on ne retrouve pas dans nos analyses. On aurait pu faire cette
distinction sexuée dans nos analyses.
Enfin, il existe certaines limites à la présente étude. Une première limite
est la taille de notre échantillon qui est de 111 étudiants. En effet, il est
impossible de généraliser nos résultats à l’ensemble des cadres en formation.
Une deuxième limite est le fait que dans nos résultats sur la CSP, ceux-ci représentent
seulement notre échantillon. Ce qui ne nous donne qu’une vision partielle, car ils
ne sont pas comparés avec la CSP de toute la société marocaine.
Une troisième limite consiste au fait que la motivation soit évaluée par
des mesures dites auto-révélées. Cela signifie qu’il y a un risque de
subjectivité dans les réponses faites par les cadres. Nous considérons donc
comme probable que les perceptions des cadres ainsi que l’idée de bien paraître
aient pu biaisé nos résultats statistiques. On aurait pu envisager de sondé les
enseignants afin d’obtenir leur évaluation sur leur soutien à l’autonomie face
aux matières non appréciées et la perception qu’ils ont des cadres, afin
d’apporter peut-être un soutien à nos résultats sur l’autodétermination. Et
pour l’impact du coût sur la motivation, on aurait dû comparer nos résultats
avec un ou des établissements qui ont un coût d’inscription peu élevé et
touchant des étudiants en formation continue de niveau Master, afin d’apporter
là aussi un soutien à nos résultats.
Enfin, la théorie de l’autodétermination apparaitrait pour Bandura (2003)
comme quelque chose de fixée à un instant T, car elle ne tiendrait pas compte
des projections que l’individu se fait sur l’avenir. D’où, la création de la
théorie sur le sentiment d’auto-efficacité de Bandura qui tient mieux compte selon
lui, des projections sur les attentes de
l’individu.
Bibliographie
BANDURA, A.
(2003). Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle. Bruxelles : De
Boeck.
BOUDON R., RAYMOND F., 1982, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF,
p. 386
BLANCHARD, 2007, Motivation et culture en e-Learning,
Thèse
http://www.iro.umontreal.ca/~blanchae/papers/These_Blanchard_final_version.pdf
Boiche et
Sarazin, 2007, Motivation autodéterminée, perceptions de conflit et
d’instrumentalité et d’assiduité envers la pratique d’une activité
physique : une étude prospective sur 6 mois, Psychologie Française, 52,
417-430.
CARRE P., 1998,
Motifs et dynamiques d’engagement en formation, Éducation permanente n°136.
CARRE P., 2001,
De la motivation à la formation, L’harmattan, p. 36.
CHEVRIER J, FORTIN
G, Le BLANC R, THEBERGE M (2000 c) La construction du style d'apprentissage -
In : Le style d'apprentissage, Volume XXVIII Numéro 1, printemps été 2000.
ACELF, p. 76. [En ligne] http://www.acelf.ca/revue/XXVIII
[18 septembre 2001]
COVINGTON M.V.,
& MUELLER K.J. (2001). – Intrinsic versus extrinsic motivation : an
approach/avoidance reformulation. Educational Psychology Review, 13, 2, 157-176
DARNON, C.,
(2004), Conflit sociocognitif et buts d’accomplissement: Effets interactifs sur
l’apprentissage et le mode de régulation du conflit, Thèse.
DECI E.L.,
& RYAN R.M. (1985). – Intrinsic motivation and self-determination in
human behavior. New-York : Plenum Press.
DECI E.L.,
& FLASTE R (1995). – Why we do What we do, New-York : Grosset/Putnam
Book.
DUBOIS, N.,
1990, La psychologie du contrôle (les croyances internes et externes), PUG
FAMOSE, J.P.,
GUÉRIN, F., 2002, La connaissance de soi : en psychologie de
l'éducation physique et du sport, Paris : Armand Colin, impr. 2002
FENOUILLET. F.,
2003, La motivation, Dunod
JOËT, G.
(2009). Le sentiment d'auto-efficacité en primaire : De son élaboration à son
impact sur la scolarité des élèves, Thèse de doctorat en sciences de
l'éducation de l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble 2.
LEROY, N., 2009, Impact du contexte scolaire sur la
motivation et ses conséquences au plan des apprentissages, Thèse de doctorat en
sciences de l'éducation de l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble 2.
LIN, Y.-G., McKEACHIE, W.J., et KIM, Y.C. (2003).
College student intrinsic and/or extrinsic motivation and learning. Learning
and Individual Differences, 13, 251-258.
NUTTIN, J., La théorie de la motivation humaine, éd. 2000
VALLERAND, R.,
J., LACHANCE, L., RIDDLE, S., A., BLAIS, M., R., BRIERE, N., M. (1993). L’inventaire
des motivations au travail de Blais. Revue québécoise de psychologie, vol. 14,
n°3.
VALLERAND, R.,
J. & THILL, E., E. (1993) Introduction à la psychologie de la motivation,
(Eds), Études Vivantes
Apprendre, faire mieux que les autres, éviter l’échec,
Revue Française de Pédagogie, n°147, 2ème trimestre 2004
ZERAIBI Akim - Ingénieur en Sciences de l'éducation